Le creuset de l’Histoire humaine précoce vient d’offrir une histoire à sensation. La plus grande étude de la variance génétique dans les populations actuelles de l’Afrique australe suggère qu’il n’y a pas de lieu unique en Afrique à partir duquel tous les humains modernes ont émergé. Au lieu de cela, notre espèce est le résultat du mélange entre de nombreuses premières populations humaines à travers une vaste région.
Mattias Jakobsson, de l’Université d’Uppsala en Suède, et ses collègues ont analysé environ 2,3 millions de polymorphismes nucléotidiques simples (SNP) – des variations de l’ADN qui sont utiles pour comparer des régions du génome entre les populations – de près de 220 personnes provenant de 11 populations d’Afrique australe.
« Quand on commence à creuser dans ces données, le résultat le plus frappant est la structure de la population de profondeur que l’on trouve », a expliqué Jakobsson. Cette structure suggère que les humains modernes ont émergé à partir d’un groupe diversifié géographiquement, contrairement à la théorie du ‘goulot d’étranglement’ selon laquelle tous les êtres humains vivant aujourd’hui sont les descendants d’un seul groupe relativement homogène de personnes.
« C’est important », a déclaré Robert Foley, de l’Université de Cambridge, qui n’a pas participé à l’étude. « L’une des grandes questions a toujours été en Afrique, où les humains ont évolué. Compte tenu de la taille du continent – trois fois la taille de l’Europe – dire nous avons évolué en Afrique ne répond pas vraiment à la question ».
« Les études génomiques nous laissent investiguer la question plus en détails », a dit Foley. « Tout comme aujourd’hui, les premiers humains modernes et leurs descendants vivent dans des populations qui n’ont pas de limites définies, mais ils existaient dans un monde parmi d’autres populations africaines », a-t-il dit.
L’étude suggère que la structure de la population a continué à se complexifier, même après que les humains modernes aient évolué. Elle a montré qu’un groupe qui survit actuellement – la tribu des Khoe-San (connue aussi sous le nom de Bushman) du Kalahari qui parlent par clic de langue – a été l’un des premiers à se séparer du reste de l’humanité, il y a au moins 100.000 ans.
Cependant, l’étude a également révélé des divergences au sein des Khoe-San eux-mêmes, avec des groupes Namibian et Angolais dans le nord qui se sont séparés de ceux de l’Afrique du Sud, 25.000 à 40.000 ans avant notre ère.
« Le plus étonnant pour moi, c’est la divergence profonde entre les populations Khoe-San », a souligné Brenna Henn, de l’Université Stanford en Californie. « Cela suggère vraiment que nous devons comprendre la structure des populations d’Afrique australe beaucoup plus finement dans le détail ».
L’équipe a également identifié certains des gènes qui nous font aller dans la direction que l’on doit suivre – comme ceux qui affectent les crêtes des sourcils et la forme de la cage thoracique. Étant donné que ces données remontent à une époque antérieure à la scission Khoe-San du reste de l’humanité, les chercheurs expliquent que notre anatomie moderne est au moins aussi ancienne.
« Cette étude est susceptible d’avoir un impact considérable dans le domaine, mais peut-être de façon inattendue », a affirmé Murray Cox, à l’Université Massey de Palmerston North, en Nouvelle-Zélande. « Elle nous explique certainement de nouvelles choses sur notre histoire, mais plus important encore, elle met en évidence sa complexité. À bien des égards, l’étude soulève beaucoup de questions, auxquelles nous n’avions pas pensé avant, au sujet de nos ancêtres les plus lointains ».
La recherche et ses résultats ont été publiés dans la revue très célèbre Science, sous la référence : DOI: 10.1126/science.1227721
Citations de NewScientist
Crédit image À-la-Une : Il y avait même variance génétique parmi les populations Khoe-San d’Afrique du Sud, qui s’est séparée du reste de l’humanité au moins 100.000 ans avant notre ère – © imagebroker / Rex Features
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