Notre partenaire NewScientist est parti à la rencontre Giuseppe Vatinno, physicien à l’Université Sapienza de Rome en Italie. En juillet, ce politicien centriste de l’Alleanza per Italia est devenu le premier transhumaniste au monde à être élu en tant que membre du parlement.
« Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose pour nous de devenir moins humains », a exprimé le transhumaniste politique Guiseppe Vatinno
NS : Qu’est-ce que le transhumanisme ?
GV : Le transhumanisme est une doctrine philosophique qui vise à améliorer sans cesse l’humanité. Elle encourage la science et la technologie, mais avec des gens qui gravite en son centre. En fin de compte, elle vise à libérer l’humanité de ses limites biologiques, surmontant l’évolution naturelle pour nous rendre plus humain.
NS : Que voulez-vous dire par le transhumanisme vise à améliorer l’humanité ?
GV : Il le fait à travers le développement de technologies qui améliorent la santé et la lutte contre le vieillissement et la maladie – en remplaçant les parties du corps perdues ou défectueuses – et par l’avancée de l’Internet, de la communication et des technologies de l’intelligence artificielle.
NS : Serait justement un risque que le transhumanisme pourrait nous rendre moins humain ?
GV : Devenir moins humain n’est pas nécessairement une mauvaise chose, car cela pourrait signifier que nous sommes moins soumis aux caprices de la nature, comme la maladie ou les phénomènes climatiques extrêmes. Un beau coucher de soleil est une chose positive, mais la peste noire qui a frappé l’Europe au XIVe siècle ne l’était pas. Nous voulons conserver les aspects positifs de la nature et en réduire les effets néfastes.
NS : Mais pourrions-nous devenir des cyborgs ?
GV : C’est plus du domaine de la science-fiction. Mais nous avons déjà pris des mesures dans ce sens. Regardez Oscar Pistorius, le sprinter avec des doubles-prothèses. Il est capable de battre ses concurrents valides.
NS : Pourquoi pensez-vous qu’il soit important d’avoir un politicien transhumaniste ?
GV : La politique est le moteur de la société. Si nous voulons mettre en avant nos idées, il est important d’avoir une dimension politique. Je me suis opposé à la « Loi 40 » de l’Italie qui imposait des limites sur la procréation assistée et ai fait pression pour obtenir plus de nanotechnologie dans les technologies de l’énergie et de l’environnement.
NS : Est-ce que le transhumanisme est plutôt allié avec la politique de gauche ou de droite ?
GV : Récemment, au Royaume-Uni et aux États-Unis, il a été plus proche de la gauche, sans doute parce qu’elle a des thèmes tels que la bioéthique – sujets importants pour les transhumanistes pour le moment. Mais économiquement, le mouvement penche sans doute un peu plus vers la droite. La liberté est très importante dans le transhumanisme, ce qui conduit à mettre l’accent sur les individus et la libre entreprise.
NS : Est-ce en conflit avec la religion ?
GV : À mon avis, non. Le transhumanisme a tendance à éviter le recours à une divinité extérieure et, en fait, la plupart des adhérents sont des matérialistes. Mais il y a aussi un assez grand nombre d’hindous et de bouddhistes transhumanistes, et même certains mormons.
NS : N’est-ce pas le transhumanisme qui est, en fait, une religion dédiée à la science et à la technologie ?
GV : Oui, dans le sens où elle pourrait fournir des principes éthiques. La méthode scientifique implique une honnêteté absolue dans la production de données et dans la recherche de la vérité. Elle pourrait être un modèle de rectitude. Une philosophe pourrait soutenir que la fleur est bleue plutôt que rouge, mais la science vous dira sans ambiguïté de quelle couleur elle est.
Citations de NewScientist
Crédit image : © NewScientist
Le discours se dépassionne, c’est plutôt bon signe.
Pour info : la 4ème conférence AFT : Technoprog! : « Société+ ? » aura lieu le samedi 20 octobre dans l’amphithéâtre de la Maison de la Recherche de la Sorbonne (Paris – VIème ard. – 29, rue Serpente), de 9h à 18h .
Parmi les invités :
Pr. Miroslav Radman , qui présentera les résultats de son travail : Au-delà de nos limites biologiques : Les secrets de la longévité (2011).
Pr. Jean-Michel Besnier pour l’introduction de son ouvrage à paraître : L’homme simplifié : le syndrome de la touche étoile (2012)
M. Rémi Sussan (en collaboration avec Hubert Guillaud) pour leur ouvrage intitulé : Est-ce que la technologie sauvera le monde ? (2011)
M. Daniel-Philippe de Sudres pour son roman : Les enfants de demain, ou l’étrange et très secret projet Hp-1 (2012)