Décembre dernier, le MIT a annoncé la création de MITx, un projet ambitieux visant à recréer l’expérience en classe MIT, mais en ligne. En Mars, le premier prototype de cours MITx – ‘Circuits et électronique’, ou 6.002x (système de numérotation du MIT) – a fait ses débuts. En mai, le MIT et l’Université de Harvard ont annoncé conjointement la création d’edX, une organisation qui permettra de développer la plate-forme MITx et étendra son utilisation à d’autres universités.
Comme le MIT et Harvard seront équipés pour offrir de nouveaux cours edX dès l’automne, l’équipe a déjà fait le bilan de son expérience avec 6.002x et commencent à intégrer dans la conception du système ce qu’elle a appris.
En fin de compte, presque 155 000 personnes se sont inscrites pour 6.002x. De ce nombre, environ 23 000 ont essayé le premier jeu de problèmes, 9000 sont allés à mi-parcours, et 7157 ont réussi le cours dans son ensemble.
Alors que le taux d’attrition peut sembler élevé, Anant Agarwal, président d’edX et professeur d’informatique et d’ingénierie au MIT, a souligné : « si vous regardez le nombre en termes absolus, c’est autant d’étudiants qui ont suivi les cours qu’en 40 ans au MIT ».
Agarwal croit également que le taux d’accomplissement augmentera à mesure que davantage de cours seront ajoutés au catalogue edX. « Dans un certain sens, ce cours est sorti de nulle part », dit-il. « Il faut une formation en physique, une formation en calcul et des compétences en équations différentielles. Au fil du temps, edX aura des cours sur chacune de ces trois conditions préalables, et nous pourrons les signaler aux élèves s’ils n’ont pas ces connaissances ».
« Une chose qu’edX ne fera pas dans le but de stimuler le taux de réussite », a précisé Agarwal, « est de faire des cours plus faciles. Nous n’allons pas diluer les cours. Ils vont continuer à être du niveau de difficulté du MIT-Harvard ou complexe ».
En fin de compte, des étudiants de plus de 160 pays se sont placés sur 6.002x. La majorité du trafic sur le site du MITx provenait des États-Unis, de l’Inde et du Royaume-Uni, mais le pays qui a succédé à ces trois premiers fut une surprise : la Colombie. Pour compléter le top 10, il y a eu l’Espagne, le Pakistan, le Canada, le Brésil, la Grèce et le Mexique.
« Une autre agréable surprise », a complété Agarwal, « a été de savoir combien d’initiatives étudiantes ont montré une augmentation ou réappropriation créative de la technologie MITx ». Un groupe d’étudiants qui avaient interagi régulièrement sur le forum de discussions 6.002x ont été déçus par le prolongement naturel du cours, 6.003 ou Signaux et Systèmes, qui ne serait pas offert par l’intermédiaire du MITx avant l’automne. Ainsi, en utilisant les supports de cours en ligne du 6.003 déjà disponible par le biais du MIT OpenCourseWare Initiative, ils ont créé leur propre cours en ligne, qu’ils ont surnommé 6.003z.
« C’est maintenant une communauté liée », a dit Agarwal. « Ils nous ont demandé s’il y avait une façon de conserver la vivacité de la communauté. Nous avons donc convenu de ne pas désactiver cette partie [6.002x] du site. Tous les étudiants qui avaient des comptes précédemment pourraient continuer à interagir sur les forums de discussions et ainsi de suite ».
Dans un autre cas, un enseignant mongol, nommé Tony Kim, a utilisé 6.002x comme base pour un cours de niveau secondaire, qu’il a enseigné. Les élèves ont pu utiliser le manuel en ligne, regarder les conférences enregistrées et mener des expériences sur le simulateur de circuit du site web. Au-delà de ça, ils ont également travaillé avec de vrais composants de circuits sous la direction de Kim. Un de ses étudiants de 15 ans a reçu une note parfaite à l’examen final – une réalisation qui ne devrait pas être diminuée par le simple fait que l’adolescent mongol a partagé cette distinction avec 340 autres étudiants travaillant sur 6.002x. « C’est un examen très difficile », a souligné Agarwal.
Les élèves ont également écrit leurs propres programmes pour incrémenter la plate-forme MITx, que l’équipe edX a mis à disposition au travers du wiki dédié à 6.002x. La visionneuse de texte en ligne qui a rendu le manuel du cours plus facile à lire à partir d’appareils mobiles en est un exemple, de même, un programme qui permettait aux étudiants de mettre en attente plusieurs vidéos dans une séquence, afin qu’ils puissent assister à des exposés lors de l’exécution, par exemple, de tâches ménagères.
Agarwal a expliqué que l’équipe de développement EDx travaille à rendre plus facile la personnalisation des cours pour les étudiants. Par exemple, les étudiants ayant un emploi du temps très chargé voudraient peut-être passer une année entière plutôt que juste un semestre sur un cours, et désireraient modifier les délais et les dates d’examen en conséquence.
Dès le début, la plate-forme EDx a été envisagée, non seulement comme un moyen de diffuser du contenu bien sûr, mais aussi comme un banc d’essai pour des expériences éducatives. La première expérience a déjà été effectuée par une ancienne élève de la Harvard’s Graduate School of Education qui travaille au laboratoire de recherche de Microsoft à Bangalore, en Inde. Elle a mené une étude d’utilisabilité dans laquelle des élèves ont comparé des versions de vidéo-conférences. Dans ces dernières, les diagrammes ont été présentés soit en rendus numériques comme des diapositives PowerPoint, soit sous forme de dessins tremblants et à main levée qui ont pris forme au fur et à mesure de l’avancée du professeur dans son cours, à l’identique que l’on pourrait voir sur un tableau noir en classe.
Les étudiants ont préféré les schémas dessinés à la main par une marge substantielle. « Cela vous permet de garder un certain rythme », a expliqué Agarwal. « La version PowerPoint va faire clignoter une image sur l’écran, et vous ne développerez pas l’idée de la même manière qu’en la dessinant sur le tableau ».
De la même manière, selon Agarwal, plusieurs semaines après avoir examiné les réponses des élèves à celui-ci en particulier, l’équipe MITx a commencé à afficher des vidéos dans lesquelles les enseignants ont travaillé sur les problèmes, plutôt que de simplement présenter aux élèves des solutions toutes faites – une caractéristique qui alimentera certainement la base des futurs cours d’EDx. « Nous avons beaucoup appris sur la façon de faire un cours comme celui-ci. Il est clair que cela nous influencera beaucoup sur la direction que nous prendrons », a conclut Agarwal.
Citations du MIT
Crédit image À-la-Une : Une série de captures d’écran de 6.002x, le premier cours dispensé par MITx
J’aimerais bien qu’ils fassent la même chose dans les facs de France, voir peut être même dans le système éducatif dans son ensemble. Ça permettrait sûrement à des gens qui ont du mal à suivre en cours pour X raison d’avoir une éducation pertinente, voir même être en « avance » sur des sujets qui les intéressent plus particulièrement.