Démocratie – Au-delà de son étymologie grecque, de ses lieux et dates de naissance correspondant à la cité d’Athènes du VIème siècle avant J.C. ainsi que des différentes définitions et applications que ce régime politique a rencontrés selon les lieux, les époques et la pensée du moment, il est pertinent de se pencher sur les deux notions qui composent ce mot concept : « peuple » et « pouvoir ».
[notification type= »notification_info » ]Rappelons que les articles [Mon grain d’sel] sont des points de vue de leur(s) auteur(s) mais n’ont pas de corrélation avec les autres contenus de C2.0.[/notification]
Le peuple
Qu’est-ce que le peuple ?
Il est tout à la fois l’ensemble des personnes vivant en société sur un même territoire et qui de fait se trouvent unies par des liens culturels (dont la politique) tout comme il représente le plus grand nombre, la masse des gens par opposition à ceux qui s’en distinguent par leur niveau social, culturel ou par contraire aux classes possédantes.
Si bien qu’en fonction de la nécessité, le peuple peut revêtir telle ou telle forme, telle ou telle signification. Choix de dénomination fluctuante, portant en elle, selon le besoin, un rassemblement ou une division.
Pour exemple, le peuple français représente la totalité des individus citoyens de ce territoire tandis que le peuple de France représente les petites classes et classes moyennes de la stratification sociale.
Pour mémoire, cette distinction fut primordiale lors de la naissance de la République Française (dans laquelle les représentants du peuple sont élus) où il n’a jamais été question que le tiers-état (le peuple de l’ancien régime) ait accès à la gestion des affaires de l’État. La guerre de « pouvoir » se déroulant entre la bourgeoisie et l’aristocratie. Exemple multipliable pour la quasi-totalité des pays.
Deux mises en perspective : la glorieuse révolution d’Angleterre (qui vit l’instauration d’un nouveau régime parlementaire dirigé par une élite hollandaise), la guerre d’indépendance des États-Unis (où le premier président, l’un des planteurs les plus riches de Virginie, fut élu deux fois à l’unanimité faute d’opposants)…
Donc, de qui ou de quoi parlons-nous lorsque nous parlons du peuple dans un régime démocratique ?
Le pouvoir
Qu’est-ce que le pouvoir ?
Le pouvoir est selon les écrits, les faits et/ou les actions, la capacité à mettre en œuvre une puissance, une possibilité, une capacité, une autorité, une souveraineté, une influence, une permission, une propriété, un droit, une faculté, une autorisation, une audace, une aptitude, une compétence, une délégation, une procuration, une domination, une emprise, une influence, une mainmise, un mandat, un prestige, une reconnaissance, (…) autant de signifiés d’interprétation qu’il y a d’individus composant le peuple.
Donc, comment définir l’entendement ainsi que la sémantique du pouvoir dans un régime démocratique ?
En définitive, comment, de fait, définir la démocratie, l’ensemble constitué par l’assemblage « peuple-pouvoir » si nous n’arrivons pas à établir une silhouette délimitée de chacune des deux parties que forme ce corps, ce corpus ?
Si l’on s’en réfère à « notre» cinquième république, celle de la France, la démocratie aurait pour l’une de ses définitions canoniques la célèbre formule d’Abraham Lincoln : « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».
Grâce à l’ajout du mot « gouvernement », nous pouvons peut-être éviter de nous emberlificoter dans les interprétations possibles du mot « pouvoir ». Donc acte, définition du mot gouvernement : « ce qui constitue politiquement un état ».
À ce stade, nous voici arrivé à : « gouvernement-peuple ».
Gouverner
Qu’est-ce que gouverner ?
Dans le propos qui nous intéresse cela peut signifier : administrer, commander, conduire, diriger, dominer, gérer, guider, manier, manœuvrer, orienter, piloter, présider, régenter, régir, régner, (…). En bref, un quasi-synonyme de « pouvoir », ce qui fait que nous ne sommes pas beaucoup plus avancé qu’au début de notre quête de compréhension d’exactitude.
Nous pouvons tout de même en déduire que choisir un gouvernement revient à déléguer son individuation, mais également son appartenance sociale, à un individu ou à un groupe d’individus dans la perspective que le bien de tous puisse exister au risque du détriment du bien individuel.
Mais qu’est-ce que « le bien de tous » (bien commun) ?
Ne serait-ce pas en priorité l’accès aux besoins incontournables à notre survie (eau, air, nutriments et protection) et si oui, est-il du rôle d’une démocratie d’en détenir le contrôle ?
Un système politique détenant le droit à votre survie ne serait plus – et à juste titre – considéré comme une démocratie mais comme un système totalitariste et l’Histoire ne connait que trop bien, les déviances de ce type de système politique.
Pour œuvrer à notre survie, les besoins fondamentaux ont été délégués à des particuliers, entrepreneurs, industriels, consortiums, (…) afin de respecter les droits dits démocratiques. Nous pouvons en mesurer le résultat écocide ainsi que les ingérences lobbyistes sur les gouvernements.
Dans un second temps, ne serait-ce pas les interactions sociales qui déterminent « le bien de tous » et si oui, à qui revient la faculté de décrire, de mettre en application et de faire respecter ces normes ?
Pour s’employer au respect de ces interactions sociales, de nombreuses démocraties ont créé trois pouvoirs : exécutif, consultatif et judiciaire.
Nous retrouvons ici non seulement la notion de « pouvoir » (et ses dérives potentielles) mais également celle du « contrôle » de ces pouvoirs par un petit nombre issu d’une même classe sociale et qui, très logiquement, se retrouvent hors « contrôle » (hormis par ses pairs) de ces dits pouvoirs. Le contrôleur ne pouvant être, en toute logique, le contrôler sans qu’il y ait interférence de genre, le fameux « juge et partie ». L’égalité populaire (au sens un citoyen est égal à un citoyen) perd son sens au profit de l’inégalité populaire (puisqu’un citoyen d’une certaine classe populaire ne peut être l’égal d’un citoyen d’une classe de « contrôlant »).
Pour éviter ce travers, existe le rôle du chef de l’État (à ne pas confondre avec le chef du gouvernement) dont la mission première consiste à être le garant de la constitution. Ce qui implique qu’il se doit de veiller à ce que les droits et devoirs soient appliqués de la même façon pour chacun des citoyens constituant la totalité du peuple. Le chef de l’État étant régulièrement issu d’une classe dite « possédante » (tout comme le chef du gouvernement), n’y a-t-il pas « risque de confusion » dans l’application de cette tâche ? De plus, le chef du gouvernement étant nommé par le chef de l’État, les liens les unifiant peuvent-ils ne pas être fortement « non détaché d’un aval » ?
Pour une monarchie constitutionnelle (une royauté démocratique), remplacer le mot « président » par celui de « roi ». Politiquement cette dénomination ne change rien, leur rôle premier de : garant de la constitution, étant similaire. Le Premier ministre étant nommé par le monarque, nous retrouvons le même cas de figure.
La page Wikipedia sur la démocratie nous propose un florilège des différentes notions et divers styles gouvernementaux qu’ont pu revêtir ce concept ainsi que des pistes de réflexions sur les « pour qui » et les « pour quoi » de l’application de ces « principes ».
[notification type= »notification_info » ]Sommaire :
1 – Démocratie, de quoi parle-t-on ? <= Vous êtes ici
2 – Avis et opinion versus savoir et connaissance
3 – Vous avez dit démocratie nationale ?[/notification]
Crédit image À-la-Une : Démocratie au Canada
J’ai lu l’article en entier. Je ne suis pas en accord avec l’ensemble des constats des deux premières parties, mais elles posent des axes de réflexion nécessaires pour le sujet qui nous occupe.
Le titre est trompeur et accrocheur, c’est volontaire je pense, mais il ne reflète pas le sens de l’article où la pensée de l’auteur (ce serait dramatique). Toutefois, on passe les deux premières parties de la lecture à se demander quand est-ce que l’auteur va enfin lever l’incertitude concernant le fait qu’il ne prône pas un système totalitaire qui serait mieux à même de gérer le bien commun.
Un paragraphe assez évasif tente finalement de lever le doute sans vraiment convaincre.
On en arrive enfin à la conclusion de l’auteur et on peut déduire son questionnement initial (il aurait été judicieux pour valoriser le développement de poser la question en amont de la démonstration):
« Le questionnement initial pour résumer: La démocratie est inefficace pour un certain nombre de raisons que je vais vous exposer »… (2 pages de développement concernant les fondements et les définitions des concepts clés: Pouvoir, gouverner, peuple, démocratie, puis les raisons qui font que la démocratie ne fonctionne pas: reproduction des élites, éducation, médias, Économie…) Et enfin on arrive à la conclusion:
« L’ensemble du système pourrait être géré par des algorithmes informatiques, ça serait mieux, pragmatique, sans défaut, scientifique… Mais serions-nous prêt à nous y plier? »
Malheureusement l’auteur oublie une chose essentielle, dans son élan pour démontrer l’inutilité de la démocratie et la supériorité d’un modèle informatique gérant une MEBR:
c’est que la politique et l’économie si elles sont liées ne se recouvrent pas totalement!
Si on peux déléguer la gestion des ressources de la planète à un modèle informatique, pour tenter une répartition équilibrée qui tiendrait compte des contraintes locales, des besoins, et du taux de renouvellement des ressources. Je ne le conteste pas.
Qui va gérer le reste?
Les élites politiques, actuellement, gère également de manière très profonde les rapports qui régissent les individus, de la définition des infractions, à la notion de famille, en passant par le développement culturel, l’éducation, la santé, l’alimentation, etc…
Et là, la machine ne peux se passer de la politique humaine. Les communautés humaines sont en droit de faire des choix différenciés, de refuser ici les OGM, pour les accepter là! De vouloir manger bio, de la viande ou non, du poisson, etc… Vouloir que l’on enseigne l’histoire et la philosophie dans les écoles, mais aussi l’informatique, l’intelligence collective, vouloir construire un stade ou une patinoire, un terrain de golfe ou une piscine, etc…
Ce n’est pas un modèle de répartition des ressources qui va opérer l’ensemble de ces choix de société. Il est donc bien nécessaire d’imaginer un système politique réellement démocratique, efficace, et respectueux de la diversité des activités et des sensibilités humaines…