Loin du carcan pseudo-écolo, Gorilles du Congo nous entraîne sur des exploitations forestières positives.
Résumé
Devant les reproches adressés au secteur forestier, certains exploitants ont donné une orientation durable à la sylviculture du bassin du Congo, où vivent de nombreux gorilles. Les gigantesques forêts tropicales humides du nord du Congo abritent les deux tiers des gorilles d’Afrique centrale. Ils ne vivent pas dans des parcs nationaux, mais dans des espaces sylvicoles appartenant à une filiale du groupe forestier germanosuisse. Pourvu d’un écolabel, celui-ci a mis en place un plan de gestion forestière raisonnée respectant le cycle de rotation des arbres. Ces mesures empêchent la progression de la déforestation – et par là même, les gorilles peuvent continuer à évoluer dans leur habitat naturel. Encadrée par des spécialistes de l’écosystème, l’entreprise consulte les tribus pygmées vivant dans ces forêts, et permet également aux habitants de la région de Ngombé de vivre mieux. Tous les problèmes ne sont cependant pas réglés.
Qu’avez-vous raté
Ce film expose une gestion responsable d’une grande partie de la forêt congolaise.
Nous avons tous en tête les images d’exploitations forestières de l’Amazonie, ou de sa déforestation dans d’autres objectifs, faites d’une manière que l’on pourrait définir comme sauvage, couronnées d’un panache enflammé léchant le ciel.
Mais ce documentaire n’est pas un ultime essai de négativisme. Il a voulu mettre en exergue quelque chose de différent : des abattages d’arbres exécutés avec une extrême précision ?
En effet, de la découverte de l’arbre désiré à la coupe, il s’écoulera presque une année durant laquelle plusieurs étapes se succéderont :
- Tout d’abord, l’arbre est mesuré. Il sera possible de le débiter uniquement si son périmètre est compris entre un et deux mètres.
- Son environnement est minutieusement observé afin de ne pas être endommagé par la chute. Si, par exemple, une rivière est à proximité, ou qu’il y a une densité d’arbre trop importante, ou encore qu’une espèce endémique accuse présence, l’abattage sera annulé.
- Des personnes tracent un chemin pour les machines qui ne devront pas, non plus, détruire le biotope
- Dans la continuité, des contrôleurs vérifient les mesures et la possibilité réelle de la coupe
- Les tribus locales sont ensuite consultées – ce qui est une première. Le but ici est de respecter leur territoire et coutume, sans faire pression sur leurs opinions. S’ils le souhaitent, ils peuvent accompagner ou ‘tutorer’ les bûcherons, voire exécuter un droit de véto.
- Après coupe, le site est laissé en jachère sur une durée de 30 ans, favorisant une espèce de plante se développant sur les souches dont les grands singes raffolent. En outre, seulement un arbre sur l’équivalent d’un ou deux stades de foot est prélevé.
D’après les images vues du ciel, les zones déjà traitées ne sont pas différentiables des zones vierges.
Toutefois, les tracés effectués par et pour les machines offrent des voies nouvelles à la population locale, entraînant un accroissement de la population et, de fait, du braconnage.
La réponse à ceci est aussi surprenante que positive. Un type novateur de soldats a été créé : les éco-gardiens. Ils sont chargés de protéger la forêt et ses habitants, faire respecter la loi stricte sur les quotas de chasse, tisser des liens avec les populations afin de leur faire comprendre l’importance de la préservation de cet environnement unique.
Débat
- Sabrina Krief, Primatologue et maître de conférence au Muséum National d’Histoire Naturelle – SK
- Shelly Masi, chercheuse au CNRS & au Muséum national d’Histoire naturelle – SMa
- Thomas Weidenbach, producteur-réalisateur du documentaire – TW
- Jochen Krimphoff, Directeur des programmes internationaux de WWF-France – JK
- Vincent Lamy, Délégué Général du festival Pariscience – VL
- Le public – LP
P : Quelle est aujourd’hui la position africaine à propos des programmes de protection de la biodiversité fourni par l’Occident ?
SK : Tout dépend des politiques nationales et de leurs applications au niveau local. Souvent, là où le tourisme est florissant, il n’y a peu ou pas de soucis. En fait, si la population locale est et se sent impliquée dans la préservation de leur environnement, nous voyons les choses aller de l’avant. Mais, s’il n’y a pas de tourisme, pas de communications et d’échanges avec le gouvernement, les comportements aberrants se perpétuent.
TW : Dans la majorité des films, on voit des forêts brûlées. Celui-ci est intéressant car il montre d’autres réalités.
VL : Il y a une réflexion très forte et positive.
Remarque : Pour WWF, la certification FSC est la seule qu’ils soutiennent et à laquelle ils donnent crédit. L’Industrie Forestière d’Ouesso (IFO) présentée dans le documentaire bénéficie de cette certification, ce qui montre un changement d’ampleur, même au sein de grosses sociétés d’exploitation.
P : J’ai été outrée que certains parcs deviennent des refuges pour milliardaires. Un changement de direction bientôt pour cela ?
SK : Cela est vrai. Mais quand vous avez seulement 700 gorilles des montagnes, en comptant les voyages, la nourriture , le coût de la protection,… Cela coût cher aux locaux, aux entreprises et à la nation. Il faut souligner que les forêts de cette zone représentent 44% des forêts tropicales mondiales.
JK : Il reste encore pas mal de chemin à faire, mais tout cela reste très positif.
P : Est-ce que l’approche innovante de l’IFO se fait ailleurs ?
JK : Oui, des entreprises similaires se situent au Gabon et au Cameroun. Une autre, en cours d’établissement et de certification s’installe en RDC. Par conte, je tenais à exprimer que ces forêts ne sont pas les nôtres. Ce sont celles des Africains.
SK : Pour conclure, je dirai qu’il faut renforcer le lien entre chercheurs et exploitants.
Notre avis
Nous étions sceptiques en voyant le titre du film qui ne correspond que de très loin à son contenu. Si le spectateur arrive à dépasser l’appréhension de l’intitulé et du résumé, il découvrira une œuvre en cohérence avec un véritable esprit écologique, visant à respecter la nature et les personnes vivant en son sein.
Sommaire
- Civilisation 2.0 à Pariscience
- Le cerveau et ses automatismes – la magie de l’inconscient
- Vivre avec les robots
- Sommes-nous fait pour courir ?
- Gorilles du Congo – Sauvetage à la tronçonneuse
- En quête de vie extraterrestre
- Bird Brain
- Conclusions de notre semaine
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