Des nouvelles méthodes de recherche révèlent que les bébés et les jeunes enfants apprennent en testant rationnellement des hypothèses, en analysant des statistiques, et en effectuant des expérimentations tout comme le font les scientifiques.
La pensée et l’apprentissage visibles chez les très jeunes enfants sont étonnamment semblables à la pensée et l’apprentissage en science, selon Alison Gopnik, professeure de psychologie et professeure affiliée en philosophie à l’Université de Californie à Berkeley. Les résultats de Gopnik sont décrits dans le numéro du 28 septembre de la revue mondialement connue : Science. En outre, elle a parlé de son travail sur le Video Blog de la National Science Foundation (NSF ou Fondation Nationale pour la Science aux États-Unis d’Amérique).
Les nouvelles méthodes de recherche et modèles mathématiques fournissent une voie plus précise et formelle de caractériser les mécanismes d’apprentissage des enfants par rapport à ce qui était fait dans le passé. Gopnik et ses collègues ont découvert que les jeunes enfants, dans leurs jeux et les interactions avec leur environnement, apprennent via les statistiques, les expérimentations et les actions des autres ; de la même manière que les scientifiques.
« La façon dont nous déterminons comment ils apprennent, c’est lorsque nous leur donnons, par exemple, un modèle de données, un modèle de probabilités ou des statistiques sur le monde, et puis nous observons ce qu’ils en font », a déclaré Gopnik.
Par exemple, dans une série d’expériences, Gopnik et ses collègues ont utilisé des machines qui s’illuminent et jouent de la musique ; et ils ont demandé aux jeunes enfants de les mettre en fonction.
« Nous avons constaté que, comme les scientifiques, ils testaient des hypothèses sur les machines et déterminaient celles qui avaient le plus de chances », a déclaré Gopnik.
Mais avant de nous précipiter pour mettre les tout-petits sur une piste académique, la recherche de Gopnik montre qu’encourager le jeu, présenter des anomalies et demander des explications invite à une pensée scientifique plus efficace que l’enseignement direct.
« Les jeux quotidiens sont une sorte d’expérimentation – c’est une façon d’expérimenter le monde, d’obtenir des données de la même façon que le font les scientifiques et d’utiliser ces informations pour en tirer de nouvelles conclusions », a déclaré Gopnik. « Ce que nous devons faire est d’encourager ces enfants à apprendre, c’est-à-dire de ne pas les placer dans un équivalent scolaire, qui leur dit des choses, ou leur donne à lire des exercices ou les gave d’instructions ou ainsi de suite. Ce que nous devons faire est de les mettre dans un environnement riche, en sécurité, où les capacités naturelles pour l’exploration, les essais, la science, peuvent obtenir champ libre ».
La recherche Gopnik a été soutenue par la direction des affaires Sociales, Comportementales et des Sciences Économiques de la NSF. Dans son article, Gopnik a décrit le travail de Laura Schulz du MIT, également soutenu par la NSF via la direction pour l’Éducation et les Ressources Humaines. Les études de Schulz montrent que les jeux pour enfants impliquent une sorte d’expérimentation intuitive où ils examinent des choses et des événements pour découvrir leurs causes et effets sous-jacents. Une vidéo montre certaines de ses expériences (ci-dessous). Ses études ont fait l’objet d’une publication – aussi dans le mondialement célèbre magazine Science, sous le nom : 16-Month-Olds Rationally Infer Causes of Failed Actions (Des enfants de 16 mois extraient rationnellement les causes d’actions qui n’ont pas fonctionné)
L’étude de Gopnik dans son exposé TED (sous-titré en français)
Expérimentation de Laura Shulz (anglais)
Présentation étude de Gopnik (anglais)
Plus de vidéos : http://nsf.gov/news/news_images.jsp?cntn_id=125575&org=NSF
Cela validerait-il la théorie de l’instruction informelle des enfants ? Dans tous les cas, nous faisons face à la stupeur. L’exposition de l’enfant à l’éducation ne serait probablement pas, à la lumière de cette nouvelle étude, le meilleur chemin pour apprendre. Ainsi, nous revenons à l’affrontement de ces deux termes : éducation versus instruction.
Citations de : NSF
Crédit images À-la-Une : © NSF / Thinkstock – Encourager le jeu, en présentant des anomalies et demander des explications invitent une pensée scientifique plus efficace que l’enseignement direct.
Depuis le temps qu’on le dit ^^