Il devient maintenant plus facile que jamais d’être déclaré mort (sauf pour le corps médical ?) – même lorsque vous êtes toujours en mouvement, que vous transpirez, et qu’il y a du sang qui est pompé dans tout votre corps.
Il est désormais plus facile d’être déclaré mort qu’à tout autre moment dans l’histoire humaine. Les normes sont tombées si bas que votre cœur peut battre, votre cerveau envoyer des ondes cérébrales et le médecin peut encore vous déclarer comme une ex-personne. Bonnes nouvelles : seulement environ 1% de la population est soumise à des critères minimaux de mort. Mauvaises nouvelles : si vous tombez dans cette tranche des 1%, vous pouvez être vivisecté.
Mais n’allons pas trop en avant sur cette histoire…
La question « Quand une personne est-elle morte ? » nous a troublée pendant des milliers d’années. Ce n’est pas une mince affaire, surtout lorsque la personne est sur le point d’être inhumée ou incinérée. Donc, nous cherchons ce que nous croyons être des indices infaillibles. Y a-t-il un organe central qui, quand il cesse de fonctionner, montre qu’une personne est morte ? Y a-t-il un ensemble de comportements qui signale avec certitude que l’Homme a expiré ?
Dans l’Égypte ancienne l’affaire s’arrêtait à l’embaumeur. Les anciens Grecs savaient que de nombreuses conditions imitaient la mort. Leur test a donc consisté à couper un doigt avant l’incinération.
L’Europe médiévale est devenue de plus en plus incertaine, au sujet de qui était mort et qui était vivant, si bien que la littérature a commencé à se remplir de contes avec des morts qui sortaient de leur tombe. Les difficultés ont été soulignées par les théâtres anatomiques qui ont surgi à travers l’Europe dans les années 1500 aux années 1700, où les anatomistes effectuaient des dissections publiques sur les prisonniers exécutés. Les performances démontraient parfois que les vedettes du spectacle n’étaient pas tout à fait mortes. Un anatomiste pouvait extraire un cœur, le brandir, et entendre des bruits de stupeur parce qu’il battait encore. D’ailleurs, Niccolò Massa – un anatomiste, a demandé à être laissé sans sépulture pendant deux jours « pour éviter toute erreur ».
Deux tendances importantes dès le XVIIIème
La première était la médicalisation de la mort. Les médecins ont commencé à apparaître au chevet du mourant pour lui administrer des opiacés, et comme la frontière entre la mort et la vie devenait plus confuse, les technologies médicales ont été introduites pour montre la différence. Pendant les deux siècles qui suivirent, les innovations furent développées pour que les signes révélateurs de la vie soient exacerbés : la respiration artificielle, les sels, les chocs électriques, le stéthoscope, les microphones pour amplifier les sons thoraciques, la radioscopie / radiographie pour détecter le mouvement des organes vitaux, et l’ophtalmoscope pour examiner la circulation du sang dans la rétine, …
La seconde tendance importante à cette époque fut un décalage de ce que nous appellerions aujourd’hui la mort cardiaque vers la mort cérébrale. Il n’y avait pas de terme comme ‘mort cérébrale’ alors, mais les médecins parlaient de ‘sensations’ et de ‘volontés’ comme étalon de mesure d’un être humain.
Introduction à la mort cérébrale
Le concept de mort cérébrale a joué un rôle majeur dans l’une des avancées les plus extraordinaires de la médecine du XXème siècle. En 1954, le chirurgien Joseph Murray a effectué la première greffe réussie d’organe solide, le transfert d’un rein entre deux frères jumeaux. Il ne fallut pas longtemps avant que les organes transplantés proviennent de donneurs morts et soient mis dans les vivants.
Cette technique remarquable a permis de sauver des vies, mais elle a fait face à un problème majeur : les organes périmés. Vous pouvez utiliser des donneurs vivants pour les greffes de rein parce que les gens en ont deux et peuvent vivre avec un seul. Mais pour d’autres organes, vous avez besoin d’un donneur décédé. Cependant, quand une personne meurt, les organes sont privés d’oxygène.
En 1968, une équipe de 13 hommes a formé le Comité Spécial de la Harvard Medical School pour examiner la définition de mort cérébrale, et a élaboré un plan ingénieux pour résoudre ce problème. Pourquoi ne pas déclarer mort quelques-uns des patients branchés dans des unités de soins intensifs, et récolter leurs organes ? Ces patients étaient dans un coma profond, mais pas mort. Leur cœur battait encore. Si l’appareillage était maintenu en place, même après qu’ils aient été déclarés morts, leurs organes continueraient d’être baigné dans le sang jusqu’au moment où les chirurgiens en avaient besoin. Voila.
Les tests rudimentaires
C’est précisément ce que le comité de Harvard a fait. Il a défini une deuxième forme de la mort, ce qu’un médecin appellerait ‘assez mort’. Jusque-là, les docteurs ont utilisé la norme cardio-pulmonaire : lorsque le cœur a cessé de battre et que vous cessiez de respirer, vous étiez considéré comme mort. Maintenant, il y a donc la ‘mort light’, créée au profit de l’industrie de la transplantation.
Les critères initiaux de Harvard étaient terriblement simples, nécessitant un test plus court qu’un examen de la vue. Le patient devait simplement être ‘réceptif’, ne montrant ‘aucun mouvement’ et ‘pas de réflexes’. Des essais cliniques rudimentaires servaient à déterminer cela, comme de l’eau glacée dans les oreilles, une lampe de poche dans les yeux, toucher avec des cotons-tiges le globe oculaire ou d’autres tests de réflexes (JAMA, vol 205, p 85).
Vient ensuite un ‘test d’apnée’. Les machines d’aide à la respiration sont débranchées et les médecins déterminent si le patient peut respirer spontanément. Le cas échéant, il est considéré comme en état de mort cérébrale.
Voici la partie effrayante. Ensuite, la ventilation est reconnectée. Les gens parlent de ‘tirer la prise’, mais c’est le contraire qui se passe. Peu de gens s’en rendent compte. Ils ne réalisent pas que leurs ordres de ‘non-réanimation’ ou testaments n’ont plus emprise juridique. Une fois la mort cérébrale déclarée, vous êtes légalement mort et vos droits légaux tombent à l’eau.
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Crédit image À-la-Une : Quand est-ce qu’une personne est-elle morte ? – © Klaus Pichler / Anzenberger / eyevine
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