Certains d’entre vous ont peut-être déjà entendu parler de la dégénérescence que subissait le patrimoine génétique masculin. Il s’agissait d’une annonce faite par Bryan Sykes, généticien de l’Université d’Oxford, dans son livre « La malédiction d’Adam : un futur sans hommes », en 2006. Une bonne nouvelle cependant, ce doctorant a été contredit par une étude récente.
Bonne nouvelle pour les hommes :
le chromosome Y n’est pas prêt de muter.
Il était une fois, le chromosome sexuel Y qui avait l’air identique au X. Il avait cette forme en croix si particulière et tous les deux s’assortissaient parfaitement. Tout comme nos autres paires de chromosomes, ceux-ci transformaient les gènes autant que nécessaire, pour réparer l’ADN et éviter les mutations délétères.
Puis, quelque chose a mal tourné. Il y a quelques 166 millions d’années, un morceau s’est retourné et s’est refixé. Le changement a été si extrême que les chromosomes X et Y ne correspondaient plus et il était impossible pour les deux d’échanger leurs gènes. Monsieur Y a commencé à engager de nombreuses mutations jusqu’à prendre sa forme actuelle.
Chez l’Homme, il ne partage plus que 19 gènes sur les 800 originels avec le chromosome X. Au vu du taux de pertes, des généticiens ont prédit que le gène final aura disparu d’ici à 4,6 millions d’années.
Jennifer Hughes, de l’Institut de Recherche Biomédicale Whitehead à Cambridge dans le Massachussets, a réfuté cette thèse. Avec l’aide de ses collègues, elle a séquencé le seul chromosome sexuel Y du macaque rhésus dont la branche évolutive s’est scindée de l’Homme, il y a 25 millions d’années.
Ils ont découvert que le chromosome Y du singe contient actuellement 20 gènes, chacun de ceux-ci correspondant à un autre du chromosome X. De plus, sur ces 20 gènes, 19 sont identiques à l’Homme. Nous pouvons donc en conclure que l’Humain n’a en fait que perdu un seul gène, puisque le macaque est son ancêtre commun (voir revue Nature, DOI: 10.1038/nature10843).
« Nous avons enfin des données empiriques sur la stabilité du chromosome Y, au cours de ces 25 millions d’années », explique Hughes. « La plupart des pertes liées aux gènes du chromosome Y se sont produites presque immédiatement après avoir cesser de se recombiner avec le chromosome X. » Les 19 gènes survivants sont probablement attachés à des fonctions vitales biologiques, et ne sont pas prêts de partir.
« C’est un très bon travail », dit Jenny Graves, de l’Université à Melbourne en Australie, partisane de la théorie de la disparition du chromosome Y. Toutefois, Graves reste convaincue de son extinction. Elle reste sceptique sur la stabilité des 19 gènes. « Si des versions de ces derniers se placent sur d’autres chromosomes – ce qui d’après elle, pourrait arriver à tout moment -, les gènes disponibles sur le Y pourraient être remplacés et les individus de sexe masculin n’auraient plus besoin de ce chromosome ». Il deviendrait X0, pour ainsi dire ; où le X serait lié à un espace vide réservé auparavant au Y.
Il existe d’ailleurs un précédent chez les mammifères, ou plus exactement le rat mâle épineux de Ryukyu (Tokudaia osimensis osimensis) qui ne possède pas de chromosome Y. Comme le souligne le généticien Darren Griffin, de l’Université Kent à Canterbury au Royaume-Uni : « les rats mâles continuent tout de même a bien vivre sans lui ».
Traduit en partie de l’article NewScientist
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