Supposons que vous soyez lycéen ou étudiant et qu’une fée machiavélique vous propose les choix suivants : (1) vous devenez très fort en cours, mais en finissant avec une très mauvaise moyenne (un 6/20) ; ou (2) vous devenez très faibles en tous les domaines, mais en finissant l’année avec une très bonne note et les félicitations (18/20). Lequel choisiriez-vous/auriez-vous choisi ? Soyez honnêtes !
Presque tous les élèves (à l’exception de quelques rebelles) choisiraient sans hésiter l’option 2. Les élèves sont des êtres rationnels. Ils savent que l’école se base entièrement sur la notation, pas sur l’apprentissage. Si jamais ils avaient besoin d’en savoir davantage sur un thème, tous savent qu’ils peuvent toujours apprendre par eux-mêmes, d’une manière beaucoup plus efficace que ce que propose l’école.
D’autre part, ils ne pourront jamais effacer ce terrible 6 de moyenne qui les poursuivra toute leur vie. Il serait stupide de choisir l’option 1. Dès que l’enfant entre au collège, il sait que seule la note est importante.
Les écoles sont là pour la vantardise, pas pour l’apprentissage. Quand nous inscrivons les enfants à l’école, nous les enrôlons dans une série sans fin de concours, pour voir qui est le meilleur, qui peut obtenir les notes les plus élevées, les plus hauts scores aux tests standardisés, remportent les plus hautes distinctions, son rang et position dans la classe, entrer dans les meilleures écoles. Nous voyons ces rangs et niveaux comme des mesures non seulement des enfants, mais aussi de nous-mêmes en tant que parents. Mais pas que. Ils servent aussi à se vanter, subtilement ou non, envers nos amis et d’autres parents.
Tout cela n’a rien à voir avec l’apprentissage, et, concrètement, nous le savons tous.
Les parents ne prennent même pas la peine (ou rarement) de penser à ce que leurs enfants apprennent réellement à l’école : ils ont tendance à se préoccuper uniquement de leurs résultats. Les parents, peut-être même plus que les enfants, pensent qu’il serait stupide de choisir l’option 1 à contrario de l’option 2. Pire, ils préféreraient leur interdire de faire ce choix par eux-mêmes si cela était possible.
Si les écoles étaient des lieux d’apprentissage plutôt que d’exposition, nous imaginerions le tout d’une façon totalement différente. En effet, ce serait des endroits où les gens pourraient suivre ce qui leur plaît le plus, apprendre ce qu’ils veulent apprendre, essayer différents cheminements de carrière, se préparer pour l’avenir qu’ils désirent vraiment.
Tout le monde serait en train de faire des choses différentes, à des moments différents, il n’y aurait donc pas de base de comparaison. Les gens apprendraient à lire quand ils voudraient apprendre à lire, et nous aider à le faire s’ils voudraient aider. L’accent serait mis sur la coopération et non sur la compétition. C’est ce qui se passe dans certaines écoles démocratiques telles que Sudbury par exemple, qui sont pour apprendre, et non pas pour se montrer, et ces écoles se sont révélées remarquablement efficaces.
Une chose que nous savons au sujet de l’apprentissage, c’est qu’il est inhibé par les types de pressions dont l’institution se sert pour motiver les performances. De nombreuses expériences psychologiques ont montré que des concours et des évaluations de toutes sortes mènent ceux qui connaissent déjà bien la façon d’effectuer une tâche à faire encore mieux qu’ils ne le feraient autrement, mais pour ceux qui ont ne serait-ce qu’une difficulté, cela a l’effet totalement inverse.
Par exemple, dans une étude réalisée il y a plusieurs années, les psychologues ont observé des gens jouer des matchs amicaux universitaires de billard (8-ball)¹. Au début, ils regardaient le déroulement de loin, de sorte que les joueurs ne se savaient pas observés, puis ils se sont rapprochés assez prêt pour les observer délibérément, montrant avec évidence qu’ils évaluaient leur performance.
Il en a résulté que ceux qui étaient déjà bons, quand ils n’étaient pas observés de près, savaient encore mieux se réaliser alors qu’ils étaient en cours d’évaluation a-proxima, mais ceux qui étaient juste débutants, ou apprenaient à jouer, devenaient de plus en plus mauvais. Les mêmes choses ont été découvertes pour toutes sortes de tâches allant d’activités intellectuelles, en passant par des processus plus physiques.
L’évaluation et les concours aident largement à s’exhiber, mais ces pressions inhibent toutefois l’apprentissage. Et pourtant, dans un effort constant de (soi-disant) faciliter et augmenter l’apprentissage scolaire, le système se perpétue à ajouter de la pression et se demande ensuite pourquoi cela ne fonctionne pas.
Beaucoup de choses ont été écrites quant à l’écart de scolarisation entre les enfants issus de familles économiquement riches et pauvres aux États-Unis. Il est intéressant de noter que sur la même période les pressions de performances scolaires ont été en forte hausse, ce fossé n’a cessé de croître de plus en plus. En fait, une étude a montré que l’écart entre les notes aux tests standardisés des nantis et non-nantis ont augmenté d’environ 40% entre les années 1960 et aujourd’hui.
Il est certain que beaucoup de facteurs figurent dans cette fissure éducative, mais voici ce que le PotDoc Peter Gray du Boston College a mis en exergue :
Supposons que des enfants issus de familles plus aisées économiquement apprennent à la maison une grande partie de ce sur quoi ils sont testés à l’école. Ils s’exécutent bien sous la pression des tests et sont constants par l’évaluation scolaire, parce qu’ils en savent assez sur tout cela. Ils sont utilisés de sorte à penser de cette façon. Supposons que des enfants de familles économiquement plus faibles n’apprennent pas tellement à la maison de ce qui est testé à l’école. Ils exécutent mal les contrôles dès le début parce qu’ils n’en saisissent pas la teneur ou n’en savent pas assez. La haute pression constante des tests et des évaluations couplée avec l’embarras et la honte de l’échec – il est très difficile pour eux d’apprendre à l’école ce que les autres avaient déjà appris à la maison.
L’échec peut conduire à accepter, de manière fataliste, une croyance en une certaine stupidité, les amenant à l’abandon de l’ensemble du processus des connaissances intellectuelles sinon aussi physique. En d’autres termes, Peter suggère qu’un environnement soumettant à de hautes pressions crée un fossé entre ceux qui savent déjà et ceux qui ne savent pas déjà, provoquant une augmentation d’écart d’année en année. Et, comme la pression de performance augmente de même, le fossé s’élargit.
La seule manière de réduire le fossé éducatif est de concevoir des écoles pour apprendre, pas pour se la péter.
Quelques ouvrages de références :
[¹] Michaels, J. W., Blommel, J. M., Brocato, R. M., Linkous, R. A., & Rowe, J. S. (1982). Social facilitation and inhibition in a natural setting. Replications in Social Psychology, 2, 21–24.
Citations de Psychological Today
Personnellement, je choisirai l’option 2 .
Effectivement l’option 1 ne présente absolument aucun intérêt, et bien oui car tu es super doué pour une seule année. il va redoubler, et son savoir est perdu (fin de la magie de la fée pour cette année).
Les années suivantes, il continu et redouble jusqu’à ce que l’école le rejette. Et à la fin son savoir est encore perdu (fin de la magie de la fée). Ce qu’il fait que tu as une personne qui à toujours redoublé, sans aucune connaissances à la fin. C’est super l’option 1. N’est ce pas ?
Alors que l’option 2, te fait passer les classes. Et tu ne deviens nul que pour les cours, alors autant passer son temps à apprendre autre chose comme une vocation (cuisinier, écrire un bouquin), ce qui est bénéfique car il commence son travail professionnel alors qu’il est à l’école sans se préoccupé d’apprendre les cours (gain de temps d’environ 8ans de vie professionnel s’il à vu la fée la 1ère fois à 10ans).