Le comportement mimétique dans l’enfance est un fait universel et peut aider à promouvoir la culture humaine.
Les enfants apprennent énormément en imitant les adultes. En effet, une nouvelle étude, portant sur des enfants d’âge préscolaires australiens et sur les Buchimans du Kalahari, met en évidence qu’un type particulier d’imitation – la sur-imitation au cours de laquelle un enfant copie tout ce qu’un adulte lui montre, et pas seulement les étapes vers un résultat – semble être une activité humaine universelle, plutôt que quelque chose que les enfants de parents des classes moyennes assimilent. Ce travail aide à faire la lumière sur la façon dont les humains développent et transmettent la culture.
Les scientifiques « ont découvert cet étrange effet, où les enfants copient tout ce qu’un adulte leur montre, même s’il y a des raisons claires ou évidentes pour lesquelles ces actions ne sont pas pertinentes », explique le psychologue Mark Nielsen, de l’Université de Queensland en Australie. « Nous savons que c’est quelque chose que les autres primates ne font pas ». Si un chimpanzé agit de façon non pertinente, il ne sera pas imité, les autres s’en tiendront à l’action qui amène quelque chose à se produire.
Mais il n’est pas clair que les résultats trouvés dans les recherches en psychologie infantile s’appliquent à tout le monde, stipule Nielsen. Cette étude est généralement réalisée avec des enfants qui vivent au sein de cultures occidentales, dont les parents sont bien éduqués et appartiennent aux classes moyennes ou plus hautes. Et ces parents enseignent constamment à leurs enfants. Mais les parents dans les cultures indigènes ne passent généralement pas beaucoup de temps à enseigner. « Ils peuvent ralentir ce qu’ils sont en train de faire si les enfants regardent, mais ce n’est pas le type d’instruction active qui est courant dans les cultures occidentales », dit Nielsen. Il s’est donc associé à Keyan tomaseli, un anthropologue de l’Université de KwaZulu-Natal à Durban, en Afrique du Sud, qui a travaillé pendant des décennies dans les communautés Buchimanes d’Afrique du Sud. Leur étude est publiée dans Psychological Science, un journal de l’association pour les sciences psychologiques.
Pour les expériences, il a été demandé aux enfants d’ouvrir une boîte, mais de manière compliquée, comptant des actions très peu pratiques. Par exemple, l’adulte place un bâton en travers de la boîte, puis utilise un bâton pour tirer sur une poignée, ce qui est bien plus facile en utilisant seulement les doigts. La plupart des enfants ont copié ce que les adultes ont fait, même en ayant eu l’opportunité de jouer avec la boîte et de comprendre comment elle fonctionnait. C’était aussi vrai pour les Buchimans que pour les enfants australiens.
Mais les enfants ne suivent-ils pas les règles de ce qui semble n’être qu’un jeu ? « C’est en quelque sorte le problème », dit Nielsen. « Peut-être pas un jeu, mais quand je montre l’action, elle est réfléchie. Donc pour l’esprit d’un enfant, il y a peut-être une raison pour laquelle je fais ça ». Cette volonté de supposer qu’une action a un quelconque but inconnu, et le fait de la copier, peuvent faire partie de la manière dont les humains développent et partagent la culture, ajoute-t-il. « Nous percevons réellement ces types de comportements comme une part centrale du développement de cet esprit culturel humain, comportements dans lesquels nous sommes si motivés pour faire les choses comme ceux qui nous entourent, et pour être comme ceux qui nous entourent ».
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