La ruée vers le gaz est en train de se faire largement distancer par la course aux énergies renouvelables. Selon les dernières projections de l’Agence Internationale de l’Énergie, d’ici à 2016 la production mondiale d’électricité d’origine éolienne, solaire, hydroélectrique et d’autres formes d’énergie renouvelable dépassera celui du gaz naturel – et devraient être le double de celle fournie par les centrales nucléaires.
Cette flambée est alimentée en grande partie par les économies émergentes. La Chine ouvre la voie, représentant pas moins de 40% de la croissance mondiale prévue dans les énergies renouvelables entre 2012 et 2018, l’AIE – a noté l’AIE, un organisme basé à Paris en relation avec 28 pays membres.
Donc, nous sommes sur la bonne voie pour effectuer une transition du charbon vers un avenir faible en carbone à base d’énergies renouvelables. Mais est-ce que le gaz naturel agira comme un ‘carburant transitoire’ temporaire ?
Pas vraiment, à en croire les analystes de l’énergie : des changements majeurs dans la politique sont encore nécessaires si le monde veut éviter de basculer dans le seuil du +2°C que les climatologues disent constituer un réchauffement climatique « dangereux ».
De nouvelles économies
Aux États-Unis, un boom de la production du gaz de schiste a éclipsé les efforts pour élargir les énergies renouvelables. La croissance des énergies dites vertes a également ralenti en Europe. Mais les nouvelles puissances économiques représentées par la Chine, l’Inde et le Brésil prennent le relais. « Il est clair que les énergies renouvelables ont marqué une reprise très rapide », a explique Richard Newell, qui dirige le département Initiative Énergétique de l’Université Duke à Durham, en Caroline du Nord.
À première vue, cela semble correspondre à un récit dans lequel le gaz naturel comblerait le fossé d’une décennie ou deux avant de céder la place à un avenir fondé sur les énergies renouvelables. Mais il y a des problèmes avec cette illustration – principalement un manque de politiques à long terme dans de nombreux pays pour encourager des investissements suffisants dans les centrales d’énergie renouvelable.
« Aujourd’hui, l’incertitude politique représente le plus grand obstacle », a annoncé la directrice générale de l’AIE, Maria van der Hoeven lors du forum économique des énergies renouvelables de Wall Street à New York, le 26 Juin.
Le gros problème avec l’idée que le gaz est simplement un carburant de transition est que les centrales au gaz qui sont commandées aujourd’hui pourraient avoir une durée de vie de trois à quatre décennies, s’est saisi Michael Obeiter, un analyste du climat et travaillant pour le Programme de l’énergie à l’Institut des Ressources Mondiales, un think tank dans la ville de Washington. Ainsi, il sera difficile d’éliminer progressivement les combustibles fossiles dans les délais nécessaires pour éviter un changement climatique dangereux – qui nécessite d’importantes réductions à partir de 2030.
En effet, l’AIE a elle-même mis en garde dans un rapport de 2011 que les centrales à combustibles fossiles devant être construites au cours des cinq prochaines années sont déjà susceptibles de bloquer la planète sur un réchauffement de 2°C.
Investissement potentiel
Ce qui est nécessaire, disent les analystes de l’énergie, est de garantir aux investisseurs, et ce, à long terme, que les centrales renouvelables en cours de construction seront désormais aptes à offrir un meilleur rendement économique que ceux tirés par le charbon ou le gaz naturel. C’est une faiblesse du plan climat du président américain Barack Obama, qui a été annoncé à la fin du mois de juin, ne disposant pas d’objectifs à long terme qui pourraient être mis en place s’il était en mesure de convaincre le Congrès à adopter une nouvelle législation.
Et bien que la croissance rapide de la Chine dans l’hydraulique, le solaire et l’énergie éolienne soit impressionnante, elle doit être mise en rapport avec les demandes croissantes de la nation pour l’énergie et sa forte dépendance résiduelle au charbon.
Les dirigeants chinois envisageraient de veiller à ce que les gaz à effet de serre du pays atteigne un pic en 2025, puis chute. Malgré cela, les analyses du Groupe Énergétique Chinois au laboratoire national Lawrence Berkeley, en Californie, brossent un tableau très ombragé.
Selon David Fridley, un des problèmes majeurs est que la Chine dépend du charbon, non seulement pour la production d’électricité, mais aussi pour des usages tels que la production d’acier et la fabrication d’engrais – qui génèrent également de grandes quantités de gaz à effet de serre. Ainsi, même une expansion agressive des énergies renouvelables et du nucléaire ne saurait pousser la Chine à quitter une production énergétique s’appuyant sur le charbon, a en diminuer jusqu’à la moitié de ses besoins d’ici 2050.
En mettant tout cela ensemble, les chances d’éviter un changement climatique dangereux semblent encore minces. « Il faudrait avoir des propositions et des changements d’orientations majeurs dans les suggestions actuelles de la politique », a souligné Newell.
Des idées peuvent toutefois être trouvées ici et là suivant les spécialistes. Par exemple, en 2012, un conseil de chercheurs de l’Université de Toronto avait souligné l’importance d’une forte réactivité pour la protection environnementale par l’ambition de créer un organe mondial décisionnaire afin d’assurer la durabilité de la Terre, dans le cadre de pallier aux déficiences politiques. Des chercheurs de CSIRO se sont plaints dans la revue Nature du manque de décision pragmatique dans la politique ; ou encore des idées pour rassembler les scientifiques pour la protection de la nature, ici et ici. D’autres encore, au centre de recherche de Venus, en Floride, plaident pour une restructuration mondiale économique complète et l’émergence d’une culture planétaire et cosmopolite.
Citations de New Scientist
Crédit image : La dynamique chinoise pour les énergies renouvelables est importante, mais aussi sa dépendance au charbon – © Top Photo Corporation / Rex
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