« Le Deuxième âge de la machine : Travail et Prospérité à l’heure de la révolution technologique » de Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee

« Le Deuxième âge de la machine : Travail et Prospérité à l’heure de la révolution technologique » de Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee

« Le Deuxième âge de la machine : Travail et Prospérité à l’heure de la révolution technologique » de Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee 350 531 Mathias TECHER

Un ouvrage de Erik Brynjolfsson et de Andrew McAfee, en cours de réalisation depuis 2013 et paru en 2015 aux éditions Odile Jacob, traitant de l’impact des nouvelles technologies sur nos sociétés contemporaines. Les deux auteurs, spécialisés en ce domaine, se sont penchés sur la question afin de mettre en lumière à la fois les potentialités et les problématiques inhérentes à ces mutations sans précédent qui constituent, selon eux, le « Deuxième âge de la machine ». Au même titre que  le premier âge était celui de la Révolution Industrielle, inaugurée à la fin du 18ème par la machine à vapeur, ce deuxième âge marquera et marque déjà actuellement notre rapport au travail, à la production, et à la qualité de vie dont nous disposons. L’économiste Erik Brynjolfsson, qui dirige le Center for Digital Business du MIT (Massachusetts Institute of Technology), et Andrew McAfee, qui dirige la recherche scientifique du Center for Digital Business du MIT, parlent d’un progrès exponentiel, numérique et combinatoire.

L’ouvrage « Le Deuxième âge de la machine : Travail et prospérité à l’heure de la révolution technologique », traite ainsi de différentes thématiques gravitant autour de la question du progrès des nouvelles technologies, notamment celles du numérique. Les deux auteurs nous amènent ainsi à la (re)découverte de notre rapport historique à la technologie, mettant ainsi en valeur le fait que l’introduction de celle-ci dans notre histoire, notamment à partir de la première Révolution Industrielle, fût plus décisive (pour ce qui est de l’essor de la population humaine) que toutes nos évolutions antérieures (que ce soit le passage à l’agriculture, la création des religions, des empires, de l’économie,etc).

Brynjolfsson et McAfee ont également rencontrés bon nombre des innovateurs de notre temps, ainsi que bon nombre des grandes entreprises axées sur le développement des nouvelles technologies. Ils nous amènent ainsi dans les coulisses du progrès et de la Silicon Valley, au travers de:

  • la Google Car, qui repousse de plus en plus loin les limites d’hier en termes d’autonomisation.
  • la rencontre des développeurs du logiciel d’intelligence artificielle Siri de chez Apple, avec une explication de nos avancées en termes d’appréhension du langage naturel chez la machine.
  • développeurs de logiciels de traduction tels que Babel.
  • programmes d’intelligence artificielle tel que Watson de chez IBM, nous démontrant nos progrès fulgurants en termes de combinaison entre la reconnaissance des formes et la communication complexe)
  • et bien d’autres encore

Sans compter les progrès de la robotique qui mettent de plus en plus à mal le fameux paradoxe de Moravec (formalisé entre autres par Hans Moravec dans les années 1980), et notamment les tâches sensorimotrices difficiles à simuler. Tels que la reconnaissance d’un objet, d’un visage, d’une voix, faculté de déplacement dans un environnement tridimensionnel, jet et capture d’une balle, évaluation des motivations d’autres individus, de leurs émotions, faculté d’attention, de motivation…

Les auteurs démontrent que ces difficultés commencent à faiblir face aux progrès des nouvelles technologies, avec des exemples tels que celui du Robot Baxter de la société Rethink. Il n’en reste pas moins qu’ils insistent sur la nécessité d’envisager une co-évolution, et non une compétition, entre l’Homme et la machine. Afin que le premier puisse parer aux manques, ne serait-ce que temporaires, du second et ainsi répondre de manière pertinente aux défis d’aujourd’hui et de demain, et ce dans l’intérêt de tout un chacun.

Dans un troisième temps, les auteurs développent le propos sur les tenants et aboutissants de l’outil numérique, et de la nécessité du renfort de son implémentation dans l’organisation sociétale d’aujourd’hui. Afin de renforcer l’efficience de nos processus décisionnels et de faciliter les interactions entre les différents acteurs de la société. L’ouvrage insiste également sur la notion de l’innovation, vue sous l’angle de la recombinaison et du développement des technologies à usages multiples. Un petit nombres d’innovations clés pouvant donner lieu à un nombre imposant d’applications pertinentes et innovantes, elles mêmes potentiellement combinatoires avec de nouveaux éléments. Un trait que les auteurs soulignent comme intrinsèque au développement des technologies de l’ère du numérique. Ce caractère constitue là, pour Brynjolfsson et McAfee, un moteur important à même de justifier l’exponentialité du progrès du numérique. Une exponentialité apparente à celle que l’on retrouve dans la Loi de Moore, explicité plus en détail par les auteurs dans l’un des chapitres.

Une bonne partie de l’ouvrage s’appuie également sur l’analyse des problématiques sociales et économiques propres à ce « Deuxième âge de la machine », tels que :

  • Les questions de la limite de l’efficacité des indicateurs actuels de croissance pour mesurer nos progrès à la fois sociaux et économiques (notamment les limites du PIB).
  • L’inégalité et la dispersion croissante des fruits du progrès.
  • L’essor du chômage technologique.
  • La nécessité de revoir notre modèle socioéconomique dans un contexte d’abondance (ne serait-ce que du point de vue de notre capacité de production).

C’est là une partie des questions traitées par les auteurs afin de mettre en lumière les défis auxquels nous devons répondre aujourd’hui. La vision établie ici n’est donc ni trop optimiste, ni trop pessimiste, l’idée étant de mettre en lumière à la fois les freins et les opportunités qui découlent de ce nouvel âge présenté par les auteurs.

Erik Brynjolfsson et Andrew McAfee concluent les derniers chapitres sur des recommandations destinées à nous enjoindre au développement d’une co-évolution technologique, d’une revalorisation des acteurs du progrès, d’une révision de nos modèles de redistributions économiques, et insistent également sur l’intérêt de l’essor d’une économie collaborative dynamisée par les outils du « Deuxième âge de la machine ». Ce nouvel âge s’accompagne donc à la fois d’opportunités et de risques. Comprendre les mécanismes qui sous-tendent le modèle actuel nous permet de développer  une force de proposition, qui à son tour favorise le développement de réponses et de questions pertinentes. Cet ouvrage est donc, selon nous, à mettre dans les mains de tous ceux qui désirent comprendre notre rapport actuel au progrès, mais également dans les mains de tous ceux qui désirent comprendre comment interagir aujourd’hui avec une société en constante mutation. Nous avons là un livre d’anticipation à la fois technologique et socioéconomique.

Mathias TECHER

le deuxième âge de la machine

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About the author

Mathias TECHER

En tant que président de l'ONG Civilisation 2.0, mon intérêt pour la connaissance se veut transdisciplinaire, tout comme l'objet de notre organisation. D'où l'intérêt, pour nous, de vous faire découvrir les lectures qui constituent la charpente de nos connaissances. Je mets donc ici à contribution mes réflexions et mon recul sur les différentes ressources bibliographiques qui constituent la moelle épinière de notre organisation. Une rubrique qui contribuera, à n'en pas douter, à l'essor des pensées et des actions proactives de tout un chacun.

Un commentaire
  • « LA FIN DU TRAVAIL » DE JEREMY RIFKIN – booksc20 9 août 2016 à 17h05

    […] l’heure de la révolution technologique », publié en 2015) sur lequel nous avons également rédigé un article . Bien d’autres points et thématiques, propres aux canons socioéconomiques relativement […]

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