Vous avez déjà sûrement entendu la fameuse expression avoir la mémoire d’un poisson rouge. Mais ont-ils réellement la mémoire courte ? C’est une croyance répandue selon laquelle les poissons sont à l’opposé des éléphants, ils oublient toujours.
Toutefois, Alex Vail est convaincu du contraire et souhaite fournir des preuves scientifique que ce n’est pas le cas. Il a observé que les poissons se souviennent des gens, et mène des recherches sur le terrain (et les aquariums) pour prouver cela ainsi que l’aptitude du poisson à communiquer avec d’autres créatures marines afin de coopérer pour des objectifs communs.
Vail, qui a grandi dans un centre de recherche marine sur Lizard Island en Australie où il a enseigné pour le compte de l’Australia’s School of the Air, effectue des recherches sur le comportement de chasse des mérous et des murènes.
Pour son doctorat, – pour lequel il a reçu la prestigieuse Bourse Gates Cambridge – Vail est souvent contraint de retourner sur son Île. Il avait initialement prévu de faire toutes ses recherches dans la mer Rouge, mais il dit que depuis cinq-six ans, la population de mérous a périclité très rapidement en raison de la surpêche. « C’est vraiment triste. J’y suis retourné l’année dernière pour plonger pendant trois heures et je n’ai vu aucun mérou. »
« Il y a très peu de zones protégées dans la mer Rouge, et même sur les récifs vraiment isolés où vous pensez qu’ils pourraient être à l’abri de pêche, les mérous que je veux étudier ont presque tous disparu. »
Vail s’intéresse de près à la surpêche. Avant d’aller à Cambridge, il a fait du canoë autour des îles de l’Indonésie et de la Togean où il a remporté un prix de l’Australian Geographic pour son voyage. Il avait espéré trouver des preuves de pêcheurs vivant durablement en harmonie avec leur environnement, mais il a plutôt démontré qu’il y avait une pénurie de poissons parce qu’ils avaient été «persécutés» par la population locale. « Il n’y avait rien au-dessus de 20-30 centimètres de long », explique-t-il. « Même s’il n’y avait pas de pêche à grande échelle dans le passé, ils avaient à faire un bon travail pour aider le poisson mais ce ne fut pas durable. »
Quand il est venu avec son projet de doctorat, il a dû mettre un accent important sur la Grande Barrière de corail, où les poissons et la biodiversité des récifs coralliens sont protégés. Vail a présenté les mérous et les anguilles moray, en montrant qu’ils s’aidaient mutuellement à chasser pour se nourrir. Le mérou chasse le poisson dans le corail et fait frétiller sa tête pour montrer aux anguilles où se cachent les poissons qu’elles aiment. Cette découverte dans la mer Rouge avait d’abord été attribuée à son co-directeur Redouan Bshary.
Vail indiqua que les mérous semblaient être assez intelligents ou avoir, tout du moins, une très bonne mémoire. « Les mérous semblent se souvenir des plongeurs après des semaines. J’ai vu un mérou à une occasion et je l’ai revu un certain nombre de fois plus tard. Je ne suis pas revenu au même endroit pendant trois semaines, mais lorsque j’y suis retourné, il était assis sur mon aileron, attendant de la nourriture. Normalement, ils ne s’approchent jamais. Je pense qu’il savait que j’avais amené de la nourriture pour lui. »
Vail est en train d’étudier s’il y a des relations à long terme entre les murènes et les mérous ; Est-ce que les mérous font du copinage avec des murènes spécifiques pour les aider à chasser ? Pour répondre à cette question, il est retourné cet été sur la mer Rouge. Comme les espèces de mérous, interagissent plus fréquemment avec les murènes, les individus peuvent être facilement identifiés par leurs habitudes locales. Il a travaillé en collaboration avec Elisabeth Tyler de la King Abdullah’s University for Science and Technology, sur un récif de la Farasan Banks en Arabie Saoudite, où les rapports suggèrent une population de mérous encore en bonne santé.
Malheureusement, même en tenant compte de ce site éloigné, il n’y avait plus assez d’espèces de mérous clés dont il avait besoin pour tester sa théorie sur les relations étroites entre les anguilles et les mérous. Il a donc implanté des émetteurs sur des anguilles pour lui permettre de les localiser tous les jours et placé de petites caméras vidéo en face d’elles pour observer leur comportement. Cela a révélé une série d’interactions avec d’autres espèces qui n’ont jamais été signalées, et qui peuvent nous éclairer sur l’évolution de la chasse coopérative.
Vail va retourner à un écosystème plus intact tel que la Grande barrière de corail pour poursuivre son étude sur la relation de mérou / anguilles cet hiver… « C’est tellement triste », dit-il. « Les mérous disparaissent avant que nous n’en sachions la moitié sur ce qu’ils font. »
Vail a passé la plus grosse partie de sa vie à nager dans les eaux de l’île à Lizard Island, mais il n’avait jamais remarqué le comportement de chasse des mérous. « Cela est devenu évident lorsque j’y ai fait attention », a-t-il signalé.
Son objectif est de sensibiliser le public sur l’intelligence des poissons. « Je veux montrer aux gens l’étonnante intelligence des poissons », dit-il. « Je veux enthousiasmer les gens sur ces œuvres de la nature afin qu’ils prennent quelques secondes pour considérer l’impact de ce qu’ils font, et comment leurs actions peuvent préserver l’environnement et faire la différence. »
Traduit de l’article original de PhysOrg, par Sébastien B.
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