Dans les régions rurales du monde, la construction d’une infrastructure routière fiable semble impossible à réaliser. Andreas Raptopoulos a toutefois émis une autre idée : de vastes réseaux de drones. Imaginez vos pizzas arrivant en deux minutes par les airs au lieu d’une demi-heure.
Nos confrères de New Scientist ont décidé d’aller à la rencontre de ce monsieur et de l’interviewer. Voici donc une alternative possible aux réseaux routiers encombrants et très cher.
NS : Pensez-vous que les drones pourraient aider à faire obtenir des fournitures vitales pour le milliard de personnes sans accès fiable aux routes ?
Tout à fait. Le concept-clé pour nous serait un réseau de petits drones. Seul, chacun de ces véhicules ne pourrait couvrir qu’une petite partie du réseau de transport routier habituel, mais ensemble, ils auraient un très fort potentiel.
NS : Pourquoi ne pas construire des routes ?
Faire à l’instar des réseaux routiers de l’Ouest [aux USA] est une tâche presque impossible pour le continent africain. Vous parlez d’un investissement dans une infrastructure massive, avec une énorme empreinte écologique. Si vous deviez planifier délibérément une approche des transports et de la logistique en Afrique, le feriez-vous de la même façon ? Je suis convaincu que la réponse est non.
Au lieu de cela, je pense que vous devriez utiliser quelques différents modes de transport – et l’un serait une méthode aérienne comme le réseau de drone que nous proposons.
NS : Un réseau de drone ne serait-il pas aussi cher ?
Pour nous, la chose la plus intéressante qui se produit en ce moment avec les drones se situe justement dans ses supers faibles coûts. Ceux que vous pouvez acheter aujourd’hui pour 1000$ ont la possibilité de faire des choses incroyables, et c’est seulement le commencement de cette technologie. Plutôt que d’avoir de grosses machines, comme celles à usage militaire, nous pensons petits.
NS : Alors vous ne pensez pas au transport d’objets massifs, mais à des choses plus petites telles que des médicaments ?
Au départ, ce sera pour le médical et l’établissement de diagnostics – les choses qui sont légères, de grande valeur. Mais au fil du temps, à mesure de l’évolution technologique, il y aura surement des opportunités pour déplacer des charges lourdes. C’est le grand rêve de Matternet – devenir un mode de transport qui permettra la croissance économique.
NS : Dans un récent TED, vous avez parlé que les drones pourraient récupérer des tests HIV pour les amener des cliniques aux hôpitaux. Dites-nous en plus à ce propos.
C’est quelque chose que nous cherchons à rendre possible. À Maseru, un quartier de Lesotho où nous avons mené une étude pilote, il y a 47 centres médicaux qui collectent des échantillons de sang et six laboratoires qui analysent chacun d’entre eux.
D’abord, vous les disposez sur une carte et vous observez s’il existe des connexions avec des transports fiables pour tous. Le cas échéant, vous concevez un système de transport en utilisant des drones.
NS : Vous avez fait quelques essais sur le terrain l’année dernière en Haïti et en République dominicaine. Comment cela s’est-il passé ?
Nous avons sélectionné quelques-uns de nos prototypes afin de voir s’ils fonctionnaient bien dans des environnements chauds et humides, et aussi pour voir comment les gens se sentaient à leur égard. Puis nous avons exploré certaines possibilités dans l’objectif de savoir comment ils pourraient utiliser la technologie. Je n’aurais pas pu être plus heureux de l’accueil enthousiaste que nous avons reçu.
NS : Les téléphones mobiles ont transformé pour beaucoup la vie en Afrique. Pensez-vous que ce sera la même chose avec les drones ?
Oui. C’est une idée radicale mais nous pensons que les drones pourraient faire pour le transport ce que la téléphonie a fait pour les communications. Il y a cinquante ans, si vous aviez dit que les téléphones mobiles ouvrirait un accès à ces communautés pauvre et permettrait leur croissance économique, personne ne vous aurait cru. Nous espérons la même chose pour le transport.
Citations de New Scientist
Crédits médias : © Matternet
Image À-la-Une : © James Duncan Davidson
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