Les patients qui regardent une vidéo en ligne d’instructions sont plus susceptibles de conserver leurs rendez-vous et arrivent préparés pour une coloscopie prévue, que ceux qui ne savent pas ce qui se passera, selon une étude réalisée par les gastro-entérologues de l’Université de Médecine de Chicago.
L’étude, qui a été présentée à la rencontre annuelle Digestive Diseases Week de San Diego en Californie, a constaté que parmi les patients âgés de 50 à 65 – la principale cible pour le dépistage du cancer du côlon – ceux qui ont regardé la vidéo étaient 40% moins susceptibles d’annuler un rendez-vous. Cela suggère que de nombreux cancers pourraient être évités ou détectés et traités rapidement si l’on instruisait les personnes à ce qu’il s’y passe.
« Bien que la détection précoce du cancer du côlon puisse sauver des vies, seulement environ la moitié de ceux qui pourraient bénéficier de ce test de dépistage, se présentent », a déclaré le Dr. Archita P. Desai, chercheuse dans le département de gastro-entérologie à l’Université de médecine de Chicago. « L’utilisation de cette approche de « vidéo-préparation » pourrait augmenter le nombre de personnes qui terminent le processus. Grâce à un tel dépistage, le taux de mortalité par cancer colorectal a diminué largement en 20 ans, mais il y a encore beaucoup à améliorer ».
Le cancer colorectal est la deuxième cause de décès liés au cancer aux États-Unis, responsable de près de 50000 décès par an. L’American Cancer Society recommande que les hommes et les femmes devraient subir une coloscopie tous les 10 ans, en commençant dès l’âge de 50 ans. Lorsque le cancer du côlon est détecté tôt, 90% des patients sont vivants cinq ans plus tard, mais lorsque le cancer s’est déjà propagé, le taux de survie en cinq ans tombe à 12%.
Aux États-Unis, seulement 53% des 50 ans suivent les recommandations pour le dépistage du cancer colorectal. Beaucoup plus de gens ont programmé une coloscopie, mais les enquêtes montrent qu’uniquement 23 à 58% d’entre eux – qui programment une coloscopie – gardent ces rendez-vous. Ce gaspillage des ressources, augmente les coûts et le temps d’attente pour ceux qui cherchent un rendez-vous.
Le petit programme web interactif de 30 minutes (divisées par segments de quatre minutes) produit par Emmi Solutions (situé à Chicago), promène le spectateur dans l’ensemble du processus. Il explique comment la coloscopie est effectuée, pourquoi une préparation est nécessaire, et comment peser les risques et les avantages. Les téléspectateurs peuvent mettre en pause la vidéo, poser des questions ou examiner les renseignements afin de s’assurer qu’ils les comprennent. Les médecins peuvent permettre au spectateur de saisir une question. Les questions que les patients posent peuvent alerter le médecin, qui pourra répondre aux préoccupations de ce premier.
Dans cette étude, les chercheurs ont comparé la totalité des 1740 patients suivis par les médecins de l’Université pour une coloscopie dans les six mois du 1er décembre 2009 au 1er juin 2010 – avant que la vidéo de coloscopie ne soit disponible – à tous les 1415 patients suivis du 1er décembre 2010 au 1er juin 2011, dont la moitié ont dit avoir regardé la vidéo. Plus de trois patients sur quatre ayant accès au mini-documentaire l’ont effectivement visionné.
Les chercheurs ont cherché ce qu’ils pensent être des « annulations évitables », c’est-à-dire, des patients qui n’ont pas terminé leurs examens parce qu’ils sautaient leur rendez-vous, sont arrivé au dépourvu, n’ont pas suivi les instructions concernant la prise ou l’arrêt de certains médicaments, ou ont rencontré des problèmes de transport.
Le taux d’annulations évitables pour ceux ayant regardé la vidéo était significativement plus faible, passant de 11% des patients dépistés avant que la vidéo ne soit disponible à 8% pour ceux qui ont eu accès à la vidéo. La plus grande amélioration a été observée chez les personnes âgées de 50 à 65 ans, avec lesquels les taux d’abstention sont tombés de 12% jusqu’à 7% pour ceux qui ont regardé le documentaire.
« Cela semble être un moyen efficace et peu coûteux d’améliorer la compliance », déclare Desai. « Nos prochaines étapes consisteront à suivre les résultats des patients qui n’avaient initialement pas vu la vidéo après avoir été assignés à le faire, car ce groupe a le plus haut taux d’annulation et de mauvaises préparations. Il sera important d’identifier comment réussir à dépister ce groupe de patients ».
Citations de EurekAlert
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