Ça sonne comme une scène d’un film de fiction : des animaux microscopiques qui ont enlevé des algues, les ont tenues en captivité et ont volé leurs gènes pour produire de l’énergie. Tout cela pour devenir une nouvelle et plus puissante espèce.
Et pourtant, c’est comme cela que les scientifiques expliquent ce qui s’est passé il y a plusieurs millions d’années, dans une nouvelle étude publiée dans la revue Nature.
« Les scientifiques ont longtemps suspecté que des sauts quantiques se sont produits durant l’évolution, avec des organismes qui se cannibalisaient les uns les autres, mais n’avaient pas eu beaucoup de preuves factuelles », a déclaré Geoff McFadden, professeur à l’école de botanique de l’Université de Melbourne, qui a fait partie de l’équipe de recherche internationale dirigée par l’Université Dalhousie au Canada.
Dans ce cas, ces animaux microscopiques (protozoaires) ont exploité des gènes volés pour la photosynthèse – le processus exploité dans la transformation de la lumière en énergie, et celui qui est utilisé par toutes les plantes et les algues sur la terre.
Lors de l’étude, les chercheurs ont séquencé les gènes de deux algues spécifiques, Guillardia thêta et Bigelowiella natans, après avoir réalisé que leur évolution n’était pas complète – les cellules des algues avaient deux noyaux (le centre de contrôle de la cellule qui contient l’ADN), ce qui est inhabituel parce que les cellules végétales et animales n’ont qu’un seul noyau.
Les résultats révèlent un ‘chaînon manquant’ dans l’évolution – comme les protozoaires ne pouvaient pas cacher complètement toutes les preuves de la captivité des algues – après avoir été figé dans le temps et donc ‘pris en flagrant délit’ par le séquençage génétique.
« Nous pensons que les gènes de la photosynthèse d’origine n’ont évolué qu’une seule fois en, environ, trois milliards d’années. Donc, toutes les plantes, les algues et les cyanobactéries peuvent produire leur propre énergie extraite de la lumière, car elles se sont procurées ces gènes pour la photosynthèse », a dit le Pr. McFadden.
Les algues tenues en captivité semblent avoir été nourries par leurs oppresseurs, et les précieux sucres produits par la photosynthèse sont devenus une partie essentielle du régime alimentaire du gardien, esclave de protozoaire. Les captifs ont vécu à l’intérieur de la cellule protozoaire et, dans de bonnes conditions, la paire est progressivement devenue un seul organisme unifié – un processus appelé endosymbiose, littéralement vie à l’intérieur de l’autre.
« Nous avons découvert que les ravisseurs ont d’abord été en mesure de garder de nombreux clones distincts de leurs esclaves, et parfois, en piller un ou deux pour la plupart de leurs gènes essentiels. Cependant, à un certain moment dans le temps, le nombre des captifs s’est réduit à l’intérieur de chaque geôlier à un seul individu ».
« Donc, s’ils ont fait irruption dans la cellule de l’algue pour lui voler ses derniers gènes essentiels, ils auraient détruit le processus et n’auraient pas alors été en mesure d’utiliser les gènes et exécuter la photosynthèse. Ainsi, les deux cellules, le captif et le ‘producteur’, avaient apparemment atteint une étape frontiste évolutive dans laquelle les deux étaient dépendants les uns des autres pour survivre » a décrit le Pr. McFadden.
L’étude met également en lumière l’origine et la réutilisation de ces gènes, qui peuvent être utiles pour la production des biocarburants d’algues.
Citations de l’Université de Melbourne, via Science Alert
Crédit image : © Paul Gilson – Légende : les protozoaires volent les gènes de photosynthèse d’une algue, mais dans le processus les deux organismes sont devenus un. Après avoir analysé les deux algues spécifiques [Bigelowiella natans, sur l’image], les chercheurs suggèrent que les gènes de la photosynthèse n’ont évolué qu’une seule fois vers environ trois milliards d’années. Cette découverte pourrait également être utile dans la production de biocarburants d’algues.
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