On nous dit souvent que les jeunes ont tendances à être plus technophiles que les plus anciens. Mais comment cela se fait-il ? Un groupe de chercheurs dirigé par le professeur Pan Bing du College of Charleston a essayé d’en savoir d’avantage. Plus précisément, Pan a voulu savoir comment les jeunes gens sont si habiles pour la recherche en ligne.
Son équipe a rassemblé un groupe d’étudiants et leur a demandé de rechercher des réponses à une poignée de questions. Ce n’est peut-être pas surprenant, mais les étudiants se sont, en général, appuyés sur les pages web en haut de la liste des résultats de Google.
Mais Pan changea l’ordre des résultats pour certains élèves. Le plus souvent, les jeunes ont mordu à l’hameçon et ont également utilisé le (faux) résultat du haut des pages. Pan a cyniquement conclu que les étudiants ne sont pas en mesure d’évaluer les sources d’informations de façon qualitative : ils ont trop confiance dans la machine.
D’autres études ont constaté la même chose : les élèves du cycle secondaire et tertiaire peuvent être « natifs du numérique », mais leurs recherches restent basiques. Dans une expérience récente à l’Université Northwestern, où 102 étudiants ont été invités à faire quelques recherches en ligne, aucun n’a pris la peine de vérifier les références des auteurs. En 1955, nous nous demandions pourquoi M. X ne savait pas lire. Aujourd’hui la question est, pourquoi M. X ne sait-il pas faire de recherche ?
Qui est à blâmer ? Pas les étudiants. S’ils sont naïfs du « googleling », c’est parce que la capacité de juger la pertinence d’une information n’est presque jamais enseignée à l’école. Sous la Loi américaine de 2001 du No Child Left Behind Act, les écoles primaires et secondaires doivent se concentrer pour préparer leurs élèves aux examens de lecture et de mathématique. Et au moment où les enfants se rendre à un collège, les professeurs assument qu’ils aient déjà cette compétence. La responsabilité n’est nulle part. Cette situation est excellemment ironique, parce que non seulement cette fonction est la clé d’une recherche intelligente pour résoudre les problèmes quotidiens, mais elle offre également une occasion en or de former les enfants à la pensée critique.
Considérons les efforts de Frances Harris, bibliothécaire à l’attirante école : University Laboratory High School of Urbana en Illinois. Les bibliothécaires sont nos alliés principaux dans ce combat, tentant d’enseigner les fondements de la recherche aux enfants d’aujourd’hui. Harris éduque des élèves de huitième et neuvième années dans la façon de formater des requêtes nuancées en utilisant la logique booléenne et les paramètres avancés. Cette méthode les oriente loin des premières recherches Google, leur apprenant à utiliser de nouvelles bases de données plus académiques.
Mais, surtout, les scolaires s’entraînent également à évaluer la crédibilité de ce qu’ils trouvent en ligne. Par exemple, on leur apprend à analyser l’harmonie d’une page web afin de juger si elle a été créée par un universitaire, un groupe de défense, ou un amateur. Les étudiants acquièrent rapidement la capacité de détecter si une page en top liste à propos de Martin Luther King Jr. est, par exemple, affichée pour promouvoir les suprématistes blancs.
« Je les vois commencer à devenir vraiment paranoïaques », dit Harris. « La chose la plus importante dans l’évaluation des résultats de recherche est l’auteur -qui l’a mis là et pourquoi l’a-t-il mis là? » Ou bien, comme exprime un des pionniers de la méthode, la bibliothécaire Buffy Hamilton à Creekview High School près d’Atlanta : « C’est apprendre à apprendre ».
On peut imaginer des façons encore plus divertissantes pour aider les enfants à s’orienter dans les subtilités du monde de la recherche. Pourquoi ne pas laisser les étudiants lancer un blog de classe sur un sujet et voir combien de temps il faut pour qu’il apparaisse dans les résultats de recherche?
L’esprit de « la détection des conneries 101 », nommé comme cela par le gourou de la planète digitale Howard Rheingold, n’est pas facile. Une condition préalable est que vous en sachiez déjà beaucoup sur le monde. Par exemple, Harris a révélé que les étudiants avaient des difficultés à distinguer une parodie du site Web de l’Organisation Mondiale du Commerce à partir du site immobilier de l’OMC. Pourquoi ? Parce que vous avez besoin de comprendre pourquoi quelqu’un voudrait piquer la première place – connaissance que la plupart ne possède pas encore.
En d’autres termes, Google construit une large base de connaissances plus importante, pas plus. Une bonne éducation est la véritable clé d’une recherche efficace. Mais jusqu’à ce que nos enfants aient acquis cela, faisons en sorte qu’ils ne prennent pas toujours le PageRank comme la vérité absolue.
Via le magazine en ligne Wired.com, traduit par Sébastien B.
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