Comment les bébés apprennent à se méfier des hauteurs

Comment les bébés apprennent à se méfier des hauteurs

Comment les bébés apprennent à se méfier des hauteurs 623 380 Sébastien BAGES

Les nourrissons développent une peur des hauteurs en raison de leurs expérimentations dynamiques autour de leurs environnements, d’après une nouvelle étude publiée dans Psychological Science, une revue de l’Association for Psychological Science (ASP).


Apprendre à éviter le vide, les rebords et autres dangers escarpés est essentiel à la survie, et pourtant les bébés humains ne montrent pas une méfiance des hauteurs dès le début de leur vie.

Dès que les nourrissons commencent à ramper et à se faufiler partout, ils entrent dans une phase au cours de laquelle ils se placent sur le bord d’un lit, d’une table à langer, ou même le haut d’un escalier. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils ne sont pas suicidaires. En fait, la recherche effectuée par l’ASP montre que lorsque les enfants sont placés près d’un gouffre virtuel – une table vitrée qui révèle l’étage du dessous – ils semblent être captivés par le vide, sans en avoir peur.

Ce n’est pas que plus tard dans l’enfance, vers neuf mois, que les nourrissons montrent une certaine peur et un évitement évident d’un tel vide. Et les travaux suggèrent que les expériences de chute des nourrissons ne tiennent pas compte ni de la modification, ni du développement de la perception de la profondeur.

Les scientifiques psychologues Audun Dahl, Joseph Campos, David Anderson, et Ichiro Uchiyama de l’Université de Californie, de Berkeley et de Doshisha, à Kyoto, se sont demandés si l’expérience locomotrice pourrait être la clé pour développer une méfiance des hauteurs.

Les chercheurs ont assigné aléatoirement des bébés à recevoir une formation pour utiliser une voiture à pédales, en leur offrant une expérience locomotrice, tandis que d’autres bébés n’ont rien eu. Malheureusement, aucun des bébés n’a commencé à pédaler.

Les données ont révélé que les enfants utilisant la voiture à pédales montraient des augmentations importantes du rythme cardiaque lorsqu’ils étaient confrontés au vide virtuel, indiquant leur crainte ; à l’inverse, les nourrissons dans le groupe de contrôle n’ont pas montré de telles augmentations.


 

Oui, mais encore ?

Qu’en est-il de l’expérience locomotrice exactement ? Vous savez, celle censée montrer ce qui provoque la méfiance ? Les faits ont montré que, à mesure que les bambins acquièrent de l’expérience locomotrice, ils viennent à s’appuyer davantage sur des informations visuelles inhérentes à la façon dont leurs mouvements sont contrôlés par leur environnement. Au bord d’un précipice, une grande partie de cette information est perdue, ce qui rend les enfants ‘locomotorisé’ (et les adultes) méfiants.

« Ces nouveaux résultats indiquent que les enfants ne suivent pas un schéma établi de maturation, mais dépendent des expériences tout à fait spécifiques apportées pour un changement du développement », notent les chercheurs.

En bon franchouillard, cela signifie que la marche, le fait de ramper ou d’avoir peur du vide est complètement acquis par l’expérimentation de l’environnement immédiat. De plus, chaque donnée que l’on apprend incrémente la suivante. Riche de cette information, nous pouvons dire que les nourrissons étant en retard dans l’expérience locomotrice – que ce soit pour des raisons neurologiques, culturelles ou médicales – sont susceptibles d’être en retard pour éviter et avoir peur des hauteurs.

Mais si éviter les hauteurs nous aide finalement à nous garder en vie, pourquoi ne l’apprenons-nous pas plus tôt ? Les chercheurs présument que la période d’intrépidité peut encourager les enfants à explorer leur environnement, en les aidant à élaborer des stratégies de déplacement et apprendre à s’adapter au terrain.

« Paradoxalement, une tendance à explorer des situations à risques peut être l’une des forces motrices du développement des compétences », écrivent les chercheurs.


Citations de l’Association for Psychological Science
Crédit image À-la-Une : © Enmuo

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Sébastien BAGES

Plus de trois années de travail passionné sur Civilisation 2.0 Actus, et fondateur de l'association Civilisation 2.0, je mets à contribution mon expertise de veille technique et scientifique, mon analyse de chef de projet, mon engouement pour la science et ses outils, et mon expérience dans le développement stratégique afin d'offrir à tous ce qui en résulte.

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