CHARTE ÉTHIQUE ET PHILOSOPHIQUE DE CIVILISATION 2.0
Le blog Civilisation 2.0 Actus – devenant une association de fait en juin 2011 avec son premier site web en juillet 2011, et devenant une association de droit à la création de l’ONG Civilisation 2.0 le 23 septembre 2013 – se consacre depuis ses origines à de la veille informationnelle et à la publication et diffusion d’informations pertinentes et inhérentes à la technologie, à la science, à l’architecture, à la (re)conversion des territoires, aux innovations écologiques et à la promotion de la raison. Cet outil ne se définit cependant non plus comme un seul relais d’informations, mais également comme une plateforme dépositaire des valeurs et idéaux de l’ONG Civilisation 2.0. Une organisation qui se donne pour mission d’accueillir et de soutenir toute initiative sérieuse se donnant pour objectif de plébisciter et de développer un projet de société mondiale qui garantit et permet une refonte égalitaire des accès aux biens, aux services et à la connaissance, pour un soutien actif de l’environnement et de tous ses habitants : condition sine qua non de la soutenabilité et de la durabilité. La Charte suivante, adoptée le 01/06/2020, précise l’éthique et l’orientation philosophique de l’ensemble des activités de l’ONG Civilisation 2.0.
Préambule
Considérant les tentatives infructueuses passées de mutualisation des organismes désireux de plébisciter des modèles socio-économiques alternatifs, l’équipe et la direction de l’ONG Civilisation 2.0, à l’origine de cette Charte, ont jugé bon d’établir une charte éthique et philosophique afin de cadrer au mieux le périmètre éthique et philosophique de ses activités.
Considérant les différentes façons d’aborder la science, aux yeux du grand public, nous recommandons l’adoption d’un code éthique, épistémologique et philosophique clairement établi et délimité, dans le but de rationaliser nos positions vis-à-vis de l’ensemble de nos savoirs humains. Nous recommandons pour cela de nous référer à l’Histoire des sciences, afin d’en adopter les plus récentes dispositions concernant nos savoirs scientifiques et technologiques.
Considérant qu’en parallèle de nos évolutions historiques pertinentes et constructives, que notre époque connaît aussi un essor délétère des pseudosciences, nous jugeons utile et indispensable de nous prémunir face à de possibles intrusions parasitaires, à même de discréditer nos positions par rapport aux institutions et au grand public.
Considérant l’essor de nos capacités techniques et le renfort des maillons qui forment aujourd’hui notre système mondialisé, nous estimons qu’il est temps d’unir nos forces et nos moyens. Le tout afin de porter ce projet de société mondiale aux yeux du plus grand nombre, de la façon la plus cohérente et perspicace possible.
Considérant par là même la grande diversité des collectifs soutenant des idées et actions ayant attrait aux principes fondateurs de ce projet, à travers le monde, nous estimons qu’il est enfin temps pour nous de mettre en avant l’ensemble des ressources afin de porter les efforts et espérances de tout un chacun.
Article premier
Au vu du fondement scientifique des idéaux que nous défendons, notre organisation a décidé, d’un commun accord, de se définir de la façon suivante :
L’ONG Civilisation 2.0, dans un soucis de cohérence et de scientificité, adopte donc un cadre philosophique et épistémologique relevant des écoles de pensées empiriste (1), matérialiste (2), réaliste (3), objectiviste (4) et inductiviste (5). Celle-ci s’engage également à accorder un intérêt aux thèses et observations relativistes (6) et instrumentalistes (7), dans le but de garder une certaine flexibilité face aux conditions sans cesse changeante des milieux sociaux, moraux, géographiques, temporels et économiques. L’ensemble de cette ligne philosophique, aux approches multiples et variées, gardera donc dans l’idée principale que le monde extérieur prime sur l’individuel (e vs i), bien que l’individu puisse, dans une certaine mesure, influer sur le monde qui l’entoure, comme ne manque pas de nous le rappeler certaines positions historiques relativistes et instrumentalistes.
Article 2
L’ONG Civilisation 2.0, bien qu’identifié à un code philosophique et épistémologique collectivement défini, reste un réseau ouvert à tous. C’est avant tout un réseau destiné à promouvoir auprès du grand public et des institutions les tenants et aboutissants d’un projet socio-économique mondial en construction collective, sans distinction sociale, de niveau d’étude, de sexe, de culture, de religion ou de tout autre élément discriminatoire. Car l’ONG Civilisation 2.0, bien que a-religieuse, a-partisane et philosophiquement déterminée, n’empêche aucunement tout un chacun de cultiver ses propres idées et approches du monde. L’ONG Civilisation 2.0 ne demande qu’à faire la part entre l’opinion personnelle et la démarche collective.
Article 3
L’ONG Civilisation 2.0 a pour mission de servir d’accès à la compréhension et à la diffusion des éléments qui sont de notre constitution associative, tout en cherchant à rendre possible l’affection des ressources indispensables à leurs réalisations. La pratique des échanges collectifs (réunions, visioconférences, rencontres…) est donc subordonnée au code philosophique collectivement défini dans le premier article. Cette mutualisation des ressources et des savoirs a également pour objectif de faire entrer l’idée de notre projet de société mondiale dans les lieux publics (cafés, bibliothèques, écoles, collectivités, médias… etc) afin de faire de cette idée une force de proposition, de manière concrète et directe.
Article 4
L’ONG Civilisation 2.0 est un lieu d’affirmation et de diffusion de ses principes fondateurs, de ses valeurs éthiques et de sa démarche scientifique, visant notamment à l’émancipation de l’individu, tant à l’échelle individuelle que collective, à son épanouissement, ainsi qu’au bonheur et au progrès du genre humain dans son ensemble.
Article 5
L’ONG Civilisation 2.0 doit éclairer les sujets débattus ; les rendre compréhensibles pour tous ; éliminer la confusion ; dissiper les erreurs, croyances et préjugés ; le tout afin de gagner en cohérence et d’amener chaque participant, interne ou externe à l’organisation, à enrichir rationnellement les concepts de bases du projet collectivement et continuellement défini à l’aune des connaissances acquises. Les réunions, échanges et autres activités similaires de l’organisation doivent éviter de devenir simplement des lieux de discussions et de rencontres stériles, ce doit être l’occasion pour tout un chacun de renforcer son leadership, ainsi que ses actions et pensées proactives.
Article 6
L’ONG Civilisation 2.0 s’accorde également à considérer que les activités qui découlent de ses missions ne sont pas nécessairement leur propre finalité. L’organisation doit aussi devenir un tremplin pour la mise en place d’activités d’enseignement, de réflexion et de pratique de nouveaux concepts sociétaux initiés par le collectif. Celui-ci se doit d’inspirer le public à aller au-delà des simples discussions, afin d’approfondir les sujets discutés, ce par leurs propres réflexions, des lectures, des conférences, des cours ou par tout autre moyen. Notre but étant de faire naître un intérêt participatif pour les idéaux qui nous animent.
Article 7
Les échanges et activités de l’organisation doivent s’exercer dans le respect de la démarche scientifique, de la réalité objective, de la notion de libre examen, de la dignité humaine, de la solidarité et de la fraternité humaine, ainsi que la défense et la promotion des intérêts humains et environnementaux. Le tout afin d’étendre les possibles du genre humain dans la mesure du possible.
Article 8
Le code philosophique et épistémologique de l’organisation est intrinsèquement lié au scepticisme scientifique, à la connaissance rationnelle et aux progrès scientifiques. Les échanges collectifs ainsi que la mise en place des projets soutenus par l’organisation se doivent donc de refuser l’influence subjective des croyances surréalistes, des superstitions, des doctrines politiques ou religieuses, des fanatismes, des idées négationnistes en désaccord avec les faits scientifiquement établis (n’offrant pas une alternative sérieuse, argumentée, factuelle et scientifique), des intégrismes, des discours propagandistes, des Fakes News ou de toutes formes d’obscurantismes.
Article 9
Les échanges et autres activités de l’ONG Civilisation 2.0 sont à animer dans l’esprit de la démarche scientifique. Les discussions doivent donc être menées avec rigueur et humilité, avec patience et écoute, tout en n’hésitant pas à s’engager des échanges contradictoires s’il y a lieu de le faire, d’une façon rigoureuse et argumentée. L’ONG Civilisation 2.0 s’engage donc ici dans un respect des personnes mais pas nécessairement des idées, puisqu’il est nécessaire de les éprouver.
Article 10
Les activités de l’organisation se doivent d’être menées en accord avec l’état de l’art des sciences actuelles, avec la science telle qu’elle peut être pensée et vécue aujourd’hui en fonction de l’état des connaissances humaines et du développement de l’Humanité. La connaissance de l’histoire des sciences est donc un avantage mais pas une finalité, car de nombreuses connaissances sont dors et déjà obsolètes. Nous ne devons donc en aucun cas confondre l’histoire des sciences avec la véritable démarche scientifique, toujours perfectible.
Article 11
Au sein de l’ONG Civilisation 2.0, tous les sujets peuvent être débattus dès lors qu’ils peuvent être traités de façon scientifique. Le code philosophique et épistémologique préalablement établie permet de distinguer ce qui relève ou non d’une investigation de type scientifique. Les sujets doivent donc être traités de manière objective, en s’appuyant sur la connaissance scientifique, en suivant une argumentation logique et rationnelle, et en procédant à une confrontation finale qui relèvera d’une revue par les pairs. Les pairs étant les autres membres de l’organisation.
Article 12
Toute activité relevant de l’ONG Civilisation 2.0 constitue un lieu d’échanges et de partages public (en dehors des communications privées établies entre les membres). Tous les participants peuvent donc prendre la parole, selon la nature des activités et des règles établies au préalable par l’ensemble des participants, ou préférer écouter les échanges en cours s’ils le désirent. La seule condition étant de respecter les règles d’un échange fonctionnel et non polémique, en discutant des idées et arguments et non des personnes (à moins que le sujet ne soit une personne / excepté sujets spécifiques, etc), en évitant les conflits personnels, les préjugés et la monopolisation de la parole, en évitant que les débats ne deviennent des conférences (sauf accord des parties si cela peut enrichir utilement le sujet discuté), et surtout en écoutant de manière ouverte et attentive la parole de chacun et chacune, car les faits et le réel ne sont le monopole de personne.
Article 13
La science, si nous désirons en exprimer son plein potentiel, est une voie de désintéressement idéologique et personnel. L’ONG Civilisation 2.0 n’a donc aucune forme d’influence coercitive sur ses membres ou sur les personnes assistant aux activités dont elle permet la mise en place. Les membres bénévoles du réseau ne doivent donc chercher ni gloire ni vanité dans leur rôle, ni jouer les maîtres ou les gourous. Il en va de même pour les intervenants amenés à interagir de façon externe avec l’organisation.
Article 14
Le non-respect délibéré et répété des principes énoncés dans les articles de cette Charte pourra entraîner l’exclusion du réseau.
Notes de bas de page :
Comme le précise très justement le sociologue et épistémologue français Valéry Rasplus dans l’ouvrage intitulé « Sciences et pseudosciences : Regards des sciences humaines », selon nos expériences et nos réflexions personnelles, le monde sera perçu, compris et expliqué de différentes manières. L’auteur nous précise également que généralement nous avons tendance à concevoir le monde selon deux grands modèles : celui où l’individuel primera sur le monde extérieur (i vs e) ou celui où le monde extérieur primera sur l’individuel (e vs i). Nous prendrons donc cet angle d’analyse afin de définir les positions philosophiques et épistémologiques de l’ONG Civilisation 2.0, à savoir :
(1) L’empirisme (e vs i) : l’objet, l’observation et l’expérience priment sur le sujet pensant. Les idées et la connaissance proviennent de l’observation du monde extérieur, mais aussi de la pratique du sujet. Ce mode de pensée part du concret et se dirige vers l’abstrait. C’est un mode de pensée inductif ou synthétique.
(2) Le matérialisme (e vs i) : le sujet pensant dérive de l’objet qui l’influence. Cette matière première, qui représente tout ce qui est réel dans ce monde, engendre la pensée.
(3) Le réalisme (e vs i) : l’objet existe bel et bien en soi, en dehors du sujet et de son discours. Ce sont deux entités, l’objet et le sujet, qui appartiennent au même monde. Cet objet, qui détermine la science, est donc connaissable (objectivement) pour le sujet.
(4) L’objectivisme (e vs i) : les objets et les faits existent indépendamment des individus (impersonnels).
(5) L’inductivisme (e vs i) : l’expérience et l’observation sont premières. Ce sont elles qui délivrent la connaissance.
(6) Le relativisme (i vs e) : l’interprétation des faits et des théories est dépendante et évaluée en fonction du sujet, du contexte (social, politique, économique, idéologique, etc.), du groupe, des conditions de leur production. Elle est donc déterminée, particulière, locale, subjective, atemporelle, anhistorique, socialisée, arbitraire, conventionnelle, quand elle n’est pas métaphysique (métascientifique).
(7) L’instrumentalisme (i vs e) : les théories ne sont que des instruments utilisés par l’individu qui tente de décrire une réalité difficilement accessible.