Il y a 40 printemps, trois jeunes informaticiens modélisateurs idéalistes ont écrit The Limits to Growth (Halte à la croissance ? : Rapport sur les limites de la croissance), un livre qui a détaillé la première tentative visant à utiliser des ordinateurs pour projeter les futurs possibles mondiaux. Et quelle projection ! Dennis et Dana Meadows et Randers Jörgen ont créé des modèles mathématiques sur la façon dont la population mondiale, la nourriture, la santé, l’industrie et les ressources sont chacuns affectés, et ils ont ensuite extrapolé pour voir ce qui se passerait si la croissance économique et la population en plein essor continueraient.
Le résultat les a choqués : la société simulée s’est effondrée. Aucune solution technologique à court terme, sauf l’abandon de la croissance matérielle exponentielle, n’a pu sauver les simulations répétées, à partir de la surréaction des limites des ressources, et les plongeons dans la « Mégamort » et la pauvreté. Le livre a été accueilli avec une dérision écrasante, et en grande partie idéologique la dérision, mais il n’a jamais été démenti. Au contraire.
Pourquoi ?
Disons que c’est en partie parce que Limits to Growth n’était pas strictement une prévision, mais plutôt un avertissement que les choses pourraient mal tourner quand vous avez des ressources limitées et des systèmes sociaux qui sont lents à réagir. Le temps faisant son œuvre, les gens se sont rendu compte qu’ils étaient à court de poissons, que le sol devenait non-arable, que le climat n’était pas stable,… Il est souvent trop tard pour changer assez vite, pour sauver ce qui reste des ressources. L’idée du livre était de faire en sorte que le monde arrête ses excès à temps.
Peu écouté, Randers est passé, en quarante ans, de l’idéaliste qui pensait que le livre allait changer les choses, à un grand-père grincheux se demandant quel genre de monde remplacera l’actuel. Dans un nouveau livre, appelé « 2052 : Une prévision globale pour les 40 prochaines années », Randers fait des prédictions basées sur les données actuelles, des calculs simples et l’expérience de toute une vie d’analyse des systèmes mondiaux.
Ce qui est intéressant – et assez plausible -, c’est qu’il ne prévoit pas l’apocalypse mondiale, mais plutôt un déclin lent et triste, dans lequel les poches de l’effondrement et de la misère se développeront pendant que le business sévira largement autour. Dans l’ensemble, il voit un monde plus pauvre, moins démocratique, avec des ressources qui s’épuisent et de plus en plus de dépenses seulement pour maintenir les systèmes débordés – ce qui est l’écho d’autres théoriciens de l’effondrement comme Joseph Tainter.
Dans les prévisions de Randers, nous ne faisons que persister dans la même confusion. ²« Irritante… », soupire-t-il, « quelques-uns adopteront des solutions bon marché qui pourront maintenir le déchaînement du climat après 2052. Au-delà, on tirera le rideau des regrets ».
Est-ce juste un autre prophète de malheur ? Eh bien, non – peut être la personne la plus qualifiée. Et il n’est pas seul. Dans un assemblage fascinant de courants, le livre comprend des « projections » de 34 experts de haut niveau dans tous les domaines. Dans cet essai, ils réfléchissent, ils exposent ce qu’ils ressentent. Non seulement ils font de ce livre une très vaste mise à jour et un instantané de ces questions, mais ils prennent aussi une approche plus simple à absorber et à digérer.
Bien sûr, comme tout bon grand-père, Randers émet des conseils. Une fois encore, il ne peut pas résister à dire au monde ce qu’il doit faire pour éviter le pire. Et à défaut, comme il semble se résigner à accepter comme inévitable, il suggère également 18 choses que vous pouvez faire par vous-même pour sortir de la tempête à venir. Certains points – tels que : enseigner à vos enfants le chinois mais pas à aimer le désert, éviter de s’investir dans les troubles sociaux et peut-être se déplacer à un endroit à l’épreuve du climat – exposent son cynisme. Mais il y a aussi des prescriptions pour essayer de faire la différence, si ce n’est que prendre conscience des choses plus aisément.
Son plaidoyer final, cependant, montre que son idéalisme de 1972 n’est pas encore mort : « s’il vous plaît, faites que mes prévisions soient fausses. Ensemble, nous pourrions créer un monde meilleur ».
Peut être devrait-il voir notre documentaire ?
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Citations de NewScientist
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