Cet article fait suite à une série de deux articles.
Après notre partie 1, voici la suite tant attendue.
3) Éducation
Le Mouvement OpenCourseWare a débuté en 2001 lorsque le MIT a commencé à enregistrer tous ses cours et les rendre accessibles gratuitement en ligne. Ils ont actuellement plus de 2080 cours disponibles qui ont été téléchargés 131 millions de fois.
En 2004, l’Académie Khan a débuté d’une manière claire et concise l’enseignement des sciences et des mathématiques. Aujourd’hui, ils offrent plus de 2400 cours qui ont été téléchargés 116 millions de fois.
Maintenant, le poids lourd d’OpenCourseWare est Apple iTunes U. Cette plate-forme offre plus de 500.000 cours de 1000 universités qui ont été téléchargés plus de 700 millions de fois. Récemment, ils sont également apparus sur K-12.
Tous ces cours sont gratuits pour tous ceux qui les veulent. Comment les collèges, qui facturent de lourds frais de scolarité, vont-ils entrer en concurrence avec ce monde « gratuit »?
Comme le Mouvement OpenCourseWare nous l’a montré, les cours vont devenir une marchandise. Les enseignants ne doivent enseigner qu’une seule fois, puis passer à un autre sujet ou quelque chose d’autre.
Au milieu de tout cela, nous sommes en train de transiter d’un modèle d’enseignement à un modèle d’apprentissage. Pourquoi avons-nous besoin d’attendre qu’un enseignant entre en scène dans une classe, alors que l’on peut apprendre tout ce qui nous intéresse à tout moment ?
Enseigner exige des experts. Apprendre ne nécessite que des « entraîneurs » [ndlr : pour « apprendre à apprendre »].
Avec tout cela, nous nous dirigeons rapidement vers la nouvelle frontière d’un système d’éducation sans professeurs.
Les métiers qui disparaissent :
- Enseignants,
- Formateurs,
- Professeurs.
Les métiers qui apparaissent :
- Entraîneurs,
- Les concepteurs de cours,
- Espaces d’apprentissage.
4) Impression 3D
Contrairement à un atelier d’usinage qui part d’un gros morceau de métal puis enlève tout le métal sauf la pièce finale, l’impression 3D est une technologie de création d’objets, où ils sont formés d’une superposition de couches de matière jusqu’à ce que tous les détails soient en place.
La première imprimante 3D commercialisée a été inventée par Charles Hull en 1984, basée sur une technique appelée stéréo-lithographie.
L’impression en trois dimensions permet de créer des articles à l’unité ou par milliers et faire ainsi de larges économies. Elle peut avoir un impact aussi profond sur le monde que l’avènement des usines de l’ère Henry Ford.
Les métiers qui disparaissent :
- Si nous pouvons imprimer nos propres vêtements et qu’ils nous vont parfaitement, les usines d’habillement et les revendeurs s’en vont,
- De même, si nous pouvons imprimer nos propres chaussures, les manufactures et les revendeurs de chaussures n’ont plus d’intérêt,
- Si nous pouvons imprimer des matériaux de construction, le bois, la pierre, les cloisons sèches, les briques, le béton et autres, l’industrie du bâtiment va disparaître.
Les métiers qui apparaissent :
- Conception d’imprimantes 3D, ingénierie et fabrication,
- Grande demande de dépanneurs d’imprimantes 3D,
- Les concepteurs de produits, stylistes et d’ingénieurs pour les imprimantes 3D.
- Revendeurs d’« encre » pour imprimantes 3D [ndlr: le mot « encre » est à prendre dans un sens extrêmement large].
5) Robots
Nous évoluons rapidement, passant du stade du robot aspirateur à celui des machines beaucoup plus complexes.
Le robot BigDog est parmi les plus impressionnants et potentiellement (in-)utile pour les troupes dans l’immédiat avenir. Il est développé pour servir comme drone d’assistance autonome qui transportera de l’équipement pour les soldats sur le champ de bataille.
Pratiquement toutes les tâches physiques pourront éventuellement être effectuées par un robot dans un futur plus ou moins proche.
Les métiers qui disparaissent :
- Les robots collecteurs de poisson remplaceront les pêcheurs,
- Les robots collecteurs de minerai remplaceront les mineurs,
- Les robots agricoles remplaceront les agriculteurs,
- Les robots d’inspection remplaceront les inspecteurs humains,
- Les drones de combat remplaceront les soldats,
- Les robots peuvent ramasser des matériaux de construction sortant de l’imprimante 3D pour commencer à construire une maison.
Les métiers qui apparaissent :
- Les concepteurs de robots, ingénieurs, réparateurs,
- Répartiteurs de Robots (assignation de tâches),
- Thérapeutes pour Robots,
- Formateurs de Robots,
- Créateurs de Robots « à la mode ».
Dernières réflexions
Déjà, dans ces cinq industries, des centaines de millions d’emplois disparaîtront. Mais de nombreux autres secteurs seront également touchés.
Certes, il y a un inconvénient à tout cela. Plus nous nous appuyons sur la technologie, plus nous aurons de points de rupture dans nos vies.
Les drones sans pilote peuvent soulager les gens. Ces personnes peuvent fournir des bombes ou des drogues illicites, aussi facilement que des pizzas.
Des robots capables de construire des bâtiments peuvent également les détruire.
Toute cette technologie pourrait nous rendre gros, sourds-muets, et paresseux, et voir se compliquer des problèmes auxquels nous croyions avoir trouvé une solution.
Nous ne sommes pas prêts, culturellement et émotionnellement, à voir toute cette technologie entrer dans nos vies. Il y aura des grincements de dents, des campagnes de « détruisons les robots » ou « à bas les voitures automatiques » et de lois proposées pour essayer de limiter leur influence.
Simultanément, la plupart des emplois qui auront été déplacées sont de bas-niveau, des postes de travail peu qualifiés. Notre défi sera d’adapter notre main-d’œuvre à la demande de travail de l’ère à venir. Bien que ce ne sera pas un chemin facile, il sera pavé de technologies étonnantes et de potentiels énormes lors de l’évolution des industries.
Thomas Grey, futuriste
À cela, nous pouvons ajouter que la technologie fera ce que l’Homme lui dira.
Que ce soit un monde à la Huxley, où l’avenir peut être une limitation angoissante de nos actes et pensées, ou au contraire, un monde à la Fresco, d’une libération complète de l’humain et de l’expression de son potentiel créatif. L’avenir a déjà commencé et il n’appartient qu’à nous de le soutenir afin d’atteindre les ambitions des Lumières : arriver à un monde qui ne serait pas dénué de sens, juste, sans souffrance inutile et où chacun pourra trouver sa place. Sébastien B.
Ouvrages cités
Texte par le futuriste Thomas Grey.
Traduction de Serge G.
Conclusion par Sébastien B.
Citations & Crédit images : Thomas Grey
« Toute cette technologie pourrait nous rendre gros, sourds-muets, et paresseux, et voir se compliquer des problèmes auxquels nous croyions avoir trouvé une solution. »
Ou : Toute cette technologie peut nous permettre de développer et d’étendre notre potentiel créatif. Pour gros, sourds-muets je ne sais pas mais pour paresseux, j’ai des doutes. Perso, je suis rarement paresseux quand j’ai l’occasion de « créer » ou « concrétiser » dans un domaine qui m’intéresse. En quoi y a t’il « problème » si du temps nous est libéré grâce aux robots ? Puis, reste le choix. La radio n’a pas supprimé les conteurs tout comme la télé n’a pas supprimé les spectacles vivants. Que le plus grand nombre est préféré la radio ou la télé prouve juste que l’on aime la technologie.
Theud