Depuis 2004, le Green Building Council de l’Australie (GBCA) a certifié plus de 4,2 millions de mètres carrés d’espace. Avec 900 entreprises membres, c’est l’un des plus importants conseils de construction écologique au monde.
De forts indicateurs montrent que le secteur de la construction et le monde de l’entreprise voient le « bâtiment vert » comme étant une référence de base dans un avenir immédiat. Comme c’est le cas actuellement avec les normes de sécurité incendie et l’accessibilité aux personnes handicapées, la durabilité sera bientôt sérieusement prise en compte. Selon plusieurs enquêtes récentes, cela deviendra « la façon habituelle de construire » :
- 64% des interrogés croient que la durabilité est une question critique dans les affaires (enquête mondiale de Jones Lang La Salle sur les préoccupations d’entreprises),
- Plus de la moitié des entreprises de construction dans le monde s’attendent à être pleinement impliquées dans la construction écologique d’ici 2013 (rapport de McGraw Hill Construction),
- La durabilité a été jugée comme la principale opportunité industrielle dans les cinq prochaines années, et l’un des risques majeurs était de ne pas s’adapter à la limitation de son émission carbone (Davis Langdon 2011, Construction Sentiment survey).
Voici le top-10 de Romilly Madew (ECOS Magazine) des prédictions pour l’environnement bâti dans les années à venir :
1. L’accent mis sur les bâtiments existant s’intensifiera
Aux États-Unis, l’outil de notation qui a connu la croissance la plus forte en 2011 était le programme de maîtrise de l’énergie et de la gestion de l’environnement pour les bâtiments existants. Plus près de chez nous, certaines politiques, telles que l’opération de publicité autour de la construction, mise en place par le gouvernement australien – encouragent déjà les propriétaires à améliorer leurs propres bâtiments.
Pour aider l’industrie à « verdir » son parc existant, le GBCA lance l’outil d’évaluation de performance « Étoile verte », qui permettra de classer les performances opérationnelles des bâtiments existant en neuf catégories. Nous attendons de cet outil qu’il révolutionne l’industrie locale.
2. La conception à bilan énergétique nul va gagner du terrain
Il y aura peu de place pour les bâtiments qui ne seront pas neutres en carbone, ou excédentaires en énergie, écologique et avec une gestion éthique de l’eau.
De nombreux membres du GBCA agissent dans ce domaine. La société d’architecture et de design Woods Bagot, avec les consultants en ingénierie Happold Buro, ont développé une plate-forme de conception interactive qui permet de suivre les empreintes énergétique et carbonique de différents plans de bâtiments différents. Il permet aux concepteurs de tester des options et de démarrer le processus de conception en se posant la question: « Que peut faire ce bâtiment pour l’environnement ? »
3. Les produits et matériaux de constructions deviendront plus verts
Le passage à des matériaux verts est conduit par les évaluations du cycle de vie des matériaux – c’est-à-dire, l’impact d’un matériau du début à la fin de sa vie. Une tendance émergente mettra davantage l’accent sur le concept « du berceau au berceau » (de l’anglais Cradle-to-cradle ou C2C), où les matériaux sont achetés en fonction de leurs premières et deuxièmes vies. Des organisations telles que InterfaceFLOR, reconnue comme fabriquant des tapis les plus durables au monde, ont mis en place un programme de récupération et de recyclage pour s’assurer que ses produits ont une « seconde vie » utile.
4. Le « vert à un prix abordable » sera la norme
Beaucoup de gens associent écologie et coûts plus élevés – mais cela est en train de changer. De nouveaux modèles économiques, technologiques et matériaux à hautes performances, déposent l’écologie à portée de main. M. Rowan Griffin, responsable de la division « durabilité pour le partage des biens » au Colonial, ajoute qu’il ne devrait plus y avoir besoin de primes pour les biens écologiques.
« Nous sommes déjà rendus au stade où être écologique et économe en énergie est la norme, c’est ce que les gens attendent des bâtiments haut de gamme », dit-il. « Alors, il est davantage question de pénaliser ceux qui ne sont pas économes en énergie et ne sont pas verts ».
5. Les sources d’énergie vont se transformer
L’Australie est un pays qui connaît beaucoup de jours ensoleillés. Pourtant, elle est en retard sur l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord pour l’installation de panneaux solaires photovoltaïques. Attendez-vous à ce que cela change, car ce pays commence à intégrer systématiquement les énergies solaire, éolienne et photovoltaïque dans les bâtiments et les insérer dans la structure même des bâtiments, plutôt que de simplement les installer sur les toits. Et, bon nombre de ces sources d’énergies renouvelables seront de petite taille. Les micros-turbines sont déjà de plus en plus populaires en Asie, et nous verrons plus d’innovations australiennes dans ce domaine quand il sera reconnu les avantages des petits systèmes intégrés plutôt que des sources géantes d’alimentation géographiquement éloignées.
6. La modélisation des informations des bâtiments deviendra une pratique courante
Attendez-vous à une approche plus sophistiquée de la surveillance d’une construction, avec le « Building Information Modeling » (BIM) qui rendra les systèmes plus complets. Le BIM permettra à des équipes interdisciplinaires de partager les connaissances et le suivi des données de projets de construction complexes. L’équipe du projet du « 1 rue Bligh Street » à Sydney, par exemple, a employé la technologie BIM en 3D lors de la conception et de la construction. Le modèle BIM a réuni plus de 30 disciplines différentes, et tous les sous-consultants étaient en partie choisis pour leurs connaissances du BIM. L’équipe a constaté le BIM 3D a permis des économies et a accéléré la construction. Il permet aussi de meilleures performances ainsi qu’un meilleur contrôle. En outre, le groupe DEXUS – un partenaire du projet – pense que le BIM peut permettre des économies tout au long de la vie du « 1 Bligh Street », puisque toutes les données de construction sont mises à disposition des gestionnaires immobiliers.
7. Les gouvernements se concentreront sur le rendement énergétique et amélioreront la durabilité globale
Les gouvernements intensifient leurs demandes de bâtiments écologiques, tant pour leurs propres édifices que pour le secteur privé. Le désir de réduire les émissions de carbone via le virage vert les mènera à exiger plus de constructions vertes.
De nouvelles écoles et hôpitaux seront construits en respectant les normes environnementales, parce que réclamés par la communauté et les changements de priorités du gouvernement en matière de durabilité. Plus de 100 projets d’éducation sont actuellement inscrits pour obtenir une note Green Star (ndlr : en Australie) – et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.
8. Les investisseurs vont exiger davantage d’actes contre l’évolution du climat
Lorsque le GBCA publia pour la 1ère fois The Dollars and Sense of green buildings en 2006, les investisseurs y ont porté peu d’attention. Deux ans plus tard, une version révisée fut suivie d’un écrasant changement d’attitude.
Aujourd’hui, le groupe d’investisseurs sur le changement climatique attire l’attention sur le fait qu’ils surveillent l’approche des entreprises, sujet au changement climatique et de la tarification du carbone, y compris ce qu’ils en disent publiquement.
En fait, 75% des gestionnaires de fonds d’investissements pensent que les organisations ont besoin d’intégrer les questions de changement climatique dans leurs stratégies commerciales et de définir des engagements politiques sur ce thème, tandis que 57% des plus grands fonds pensent que les entreprises ont besoin d’améliorer leurs rapports et leur communication quant aux risques d’un changement climatique.
9. Le bleu est le nouveau vert
Ce n’est pas tout, au sujet de l’énergie. Les concepteurs et gestionnaires dans les métiers du bâtiment prennent des mesures pour réduire la consommation d’eau grâce à l’utilisation d’appareils à faible débit, de systèmes de récupération des eaux de pluie et de technologies de l’eau innovantes.
Le « Lot 12 TradeCoast central », par exemple, a gagné un point d’innovation Green Star pour son système partagé, à l’échelle du quartier, de stockage et distribution d’eau non potable. Le système réduit la consommation d’eau potable de 80% – plus de 10 000 litres par jour – et la seule eau potable utilisée est celle des cuisines, douches et lavabos.
10. La demande des communautés vertes, des villes et autres infrastructures, va croître
Au-delà du domaine du bâtiment, nous voyons déjà un changement de discours – nous cherchons maintenant à rendre écologiques nos villes et collectivités. On a finalement pris conscience de la situation : les bâtiments font partie de systèmes plus grands. Nous verrons plus nos bâtiments de façon isolée, mais plutôt comme les pièces interconnectées d’une grande communauté.
Lorsqu’il sera mis en place en milieu d’année, l’outil Green Star Note sera le premier plan national Australien indépendant et transparent, en mesure d’évaluer et de certifier la durabilité des projets au niveau communautaire. Cet outil va ouvrir une nouvelle ère au développement durable : un outil qui voit au-delà de l’efficacité environnementale dans l’environnement bâti jusqu’à la construction de collectivités durables et viables.
Adapté de l’article de Romilly Madew, Directeur commercial de la Green Building Council en Australie. Via ECOS.
Crédit images : GBCA
[…] Via civilisation2.org Share this:TwitterFacebookJ'aimeJ'aime […]